18 Juin Ces producteurs qui ont marqué l’Histoire : Stephen Street
Dans cette série d’articles, nous revenons sur le parcours de dix producteurs britanniques qui ont marqué l’histoire.
Qu’est-ce qu’un producteur de musique ? Contrairement au cinéma, le rôle d’un producteur n’est pas de financer un enregistrement, il intervient dans la conception de celui-ci. Son intervention est diverse et varie en fonction des producteurs et des artistes. Leur mission est de faire en sorte que les morceaux, EP et albums enregistrés soient les meilleurs possibles. Pour cela ils peuvent guider les musiciens, proposer des arrangements ou des nouvelles méthodes d’enregistrements, etc. Ce qui les intéresse est que le produit fini soit beau et cohérent. Nous terminons cette série avec Stephen Street. Les précédents articles étaient sur George Martin, Gus Dudgeon, Roy Thomas Baker, Nigel Godrich, Brian Eno, John Fryer, James Guthrie, Ken Scott et Martin Hannett.
Ses débuts dans l’industrie
Stephen Street est d’abord entré dans le monde de la musique en tant que bassiste dans un groupe d’amis. Cela ne l’exaltait pas et ne se voyait pas aller très loin dans cette carrière. A force d’enregistrer, il se laisse attirer par l’autre côté de la console et devient assistant général aux Fallout Shelter Studios du label Island Records. Il évolue rapidement et deux ans après son entrée dans les studios, il est ingénieur pour Heaven Knows I’m Miserable Now, le quatrième single des Smiths. Street les suivra jusqu’à leur dernier album qu’il produira. Street a ainsi participé à la construction du son des Smiths dès leurs débuts, en tant qu’ingénieur.
Le rôle d’un producteur pour Stephen Street
Dès 1985, soit seulement trois ans après son entrée dans le secteur, Stephen Street produit son premier album pour l’ancien membre de Duran Duran, Stephen Duffy. Et en 1987, il produira le dernier album studio des Smiths : Strangeways, Here We Come. Street, comme beaucoup des producteurs que nous avons évoqués, cherche une coopération avec les artistes. Lorsqu’on lui demande comment il a réussi a faire sonner la guitare de Johnny Marr, il dit humblement que c’est grâce à Marr et sa manière de jouer. Pour le producteur, son rôle est « d’aider à modeler le son d’un groupe à un moment de son histoire ». Il aime rappeler qu’il travaille pour un groupe ou des artistes, et pas l’inverse. Street met son expertise à leur profit.
Il est néanmoins important, pour un producteur, de prendre les décisions importantes, sur les balances par exemple, les démos à exploiter ou encore sur les pistes à garder. Pour lui, un producteur est là pour capturer le bon son, donner des retours constructifs et être un bon observateur. Par son expérience, Stephen Street en est un, de bon observateur. Il sait ce qui permet d’améliorer une chanson et le prouve notamment sur Girls and Boys.
Une longue collaboration avec Blur
Outre, The Smiths, Stephen Street a aussi produit Blur. Il est derrière Modern Life Is Rubbish, Parklife, The Great Escape, Blur et The Magic Whip. Pour le titre Girls and Boys, Damon Albarn, le chanteur, a présenté sa demo au producteur. Ce dernier a proposé de la rendre plus disco avec un rythme à 120 battements par minutes. La batterie est remplacée par une boucle électrique, les pistes de cymbales sont multipliées et le tube est créé. Ce n’est pas la seule fois qu’une boucle de batterie permet la création d’une belle chanson. Song 2 a émergé lorsque Albarn et Graham Coxon, le guitariste, s’amusait autour d’un motif de batterie. Plus tard, Stephen Street réutilise la même technique avec le même guitariste et Pete Doherty pour Grace/Wasteland. Ensemble, ils jammaient une boucle et ont ainsi créé The Last Of The English Roses.
La voix comme élément central
Stephen Street a travaillé avec des artistes très variés. En plus de ceux cités précédemment, s’ajoute The Cranberries. Il fut le producteur de leur premier, deuxième, cinquième, sixième et dernier album. Il a su, dès le début, les aider à construire leur univers, avec la voix unique de Dolores O’Riordan. D’ailleurs, Street explique que ce qui l’intéresse le plus dans les projets, sont souvent les voix. Pour lui « une voix intéressante est un élément clef ». Les années 1980, pendant lesquelles il a commencé sa carrière, étaient très axées sur les réverbérations, notamment sur la batterie. Street a souhaité s’éloigner de ça et de se concentrer sur les voix, les mettre au centre, à la place de la guitare et de la caisse claire.
Très humble sur son travail et mettant les musiciens au centre, Stephen Street a néanmoins une place importante dans le paysage de la musique contemporaine. Il était présent dès le début des Smiths et des Cranberries, deux groupes majeurs. Il fut au cœur de la Britpop. Son talent lui permet de repérer les groupes prometteurs très tôt, comme Kasier Chiefs ou The Macabees. Street créé des environnements sains, dans lesquels les artistes peuvent s’exprimer librement, offrant des œuvres fragiles comme Grace/Wasteland de « l’enfant terrible du rock anglais ».
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