10 Sep INTERVIEW – Flyte s’ouvrent sur l’écriture cathartique d’un album difficile
Après l’incroyable succès de leur premier album The Loved Ones en 2017, les londoniens Flyte sont revenus cette année avec This is Really Going to Hurt. Une œuvre qui reflète la rupture amoureuse du chanteur Will Taylor. L’album est sorti en avril, quelques semaines avant la reprise des concerts. Ce n’est cependant que la semaine dernière, au festival All Points East à Victoria Park, que le groupe a performé pour la première fois This is Really Going to Hurt. Nous avons rencontré Will pour parler de son expérience d’écriture, de son année passée et de l’histoire du nouvel album.
« Je ne trouvais pas l’album dont j’avais besoin pendant ma rupture alors j’ai essayé de l’écrire moi-même. »
Comment est-ce que tu présenterais votre musique en quelques mots ?
En ce moment je dirais qu’on essaie de peindre la tristesse dans une lumière joyeuse.
Vous avez sorti un album en pleine pandémie, et c’est la première fois que vous le jouiez devant une foule, comment était l’expérience ?
Ce matin, atroce. Cet après-midi, concluant. C’était irréel de chanter des chansons que l’on a sorties mais jamais jouées en live et tout d’un coup, on est en face d’une énorme foule à Victoria Park. C’est un moyen intéressant de faire la première performance de quelque chose en live.
Quand tu écrivais l’album, est-ce que tu pensais à comment il allait rendre en live ?
Absolument pas. Non, j’essayais de retranscrire ma rupture à travers quelque chose qui allait me faire sentir mieux, et quelque part qui allait faire sentir mieux d’autres personnes traversant la même chose que moi. Je ne trouvais pas l’album dont j’avais besoin pendant ma rupture alors j’ai essayé de l’écrire moi-même.
As-tu tiré des bienfaits à cette période pandémique pour ta créativité musicale ?
Non. J’étais très triste, et de manière non productive. Au début j’ai eu un éclat de productivité. On écrivait des musiques avec une dizaine d’amis compositeurs, des artistes de The Staves, Jade Bird, Mystery Jets, et d’autres amis qui sont excellents. Anna B Savage aussi, elle est géniale et vient de sortir un album. On écrivait tous une musique par jour à distance pendant 20 jours. Donc oui, au début c’était un éclat de productivité, puis la nouveauté s’est un peu éteinte et ça en est devenu difficile de sortir du lit, difficile de se stimuler à faire des choses.
Que pensais-tu de la culture du live stream pendant cette période ?
A vrai dire je l’ai adoptée assez facilement, parce que c’était un moyen de briser le cycle de solitude de la semaine, et d’interagir avec des gens. Ça m’a beaucoup aidé. Tous les lundis je faisais un live stream et je jouais les nouvelles musiques que j’avais écrites cette semaine-là. Ca c’était pendant ma période productive, ça s’est peu à peu évanoui. Il y a eu beaucoup de temps pour penser à comment présenter l’album au public. On avait juste fini d’enregistrer l’album à Los Angeles avant la pandémie, donc quand tout a commencé on venait de revenir juste à temps.
Vous aviez prévu de le sortir si tard ?
Non, on n’avait jamais prévu de le sortir après autant de temps. Tout a été repoussé, mais ça ne s’est pas arrangé si mal, on a eu du temps de se reposer sur ce que l’on avait fait à Los Angeles. On a pu penser à la pochette de l’album et comment on allait faire les clips. Et on a pu profiter du fait que des réalisateurs prisés comme Mark Jenkin, qui a gagné un BAFTA et avait qui on n’aurait jamais pu travailler, avaient du temps libre pour nous. Ce sont normalement des gens qui sont occupés à faire des films. On a pu faire deux clips avec lui, donc ça a tout de même eu des effets positifs. Et on a eu le temps de déconnecter. Ça faisait longtemps que je n’étais pas heureux à la suite de ma rupture, et on avait fait une énorme tournée anglaise et américaine donc j’étais devenu un peu dingue et j’ai un peu fui la situation. Avec le confinement, on a dû faire face à tout, donc ça a été difficile mais productif sur le long terme.
« Vraiment se consacrer à s’intéresser à quelque chose. C’est de là que l’inspiration se dessine. «
Qu’est-ce qui a influencé et qui influence ton écriture ?
Sans vouloir paraître cliché ou prétentieux, je dirais de chercher le vrai dans les choses, connecter avec et être présent. Ca a peu d’importance quoi, ça peut être une relation, un livre, un film ou seulement une vue, c’est simplement de vraiment se consacrer à s’intéresser à quelque chose. C’est de là que l’inspiration se dessine.
Quelle serait ta collaboration de rêve ?
Je pense que Adrianne Lenker est la meilleure parolière, et probablement l’autrice-compositrice la plus émotionnellement engagée, et réelle à laquelle je peux penser. J’aimerais écrire avec elle, ca serait génial mais je ne pense pas qu’elle ait besoin de moi. J’apprécie son style d’écriture.
J’aimerais aussi collaborer avec des réalisateurs, pour faire une bande son, par exemple.
Tu n’as jamais eu l’expérience d’écrire pour quelque chose qui était déjà filmé ?
Non, ça a toujours été l’inverse où l’on créait les visuels après la musique.
Quel album as-tu écouté le plus cette dernière année ?
Il y a un album dont je ne me rappelle même plus le nom, je ne sais même pas s’il en a un. Mais c’est un artiste qui s’appelle Ted Lucas, il m’a vraiment apaisé.
(L’album en question est l’album éponyme de Ted Lucas, disponible ici.)
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Photos et interview par Laurine Payet.
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