11 Jan Franz Ferdinand – The Human Fear
Cela faisait sept ans que l’on attendait ce sixième album studio de Franz Ferdinand. Et le moins que l’on puisse dire c’est que The Human Fear est probablement leur album le plus expérimental, le plus personnel et le plus honnête.
En octobre 2024, nous avions eu la chance de rencontrer Alex Kapranos et Bob Hardy pour leur poser quelques questions sur The Human Fear. À ce sujet, ils nous avaient répondues : « Musicalement, je pense qu’il y a deux choses que nous voulions faire. Tout simplement assumer son identité, ce qui ressemble à Franz Ferdinand, tout en expérimentant de nouvelles choses. » Et il faut reconnaître que c’est mission accomplie. Dès le premier titre, on reconnaît immédiatement l’essence même de Franz Ferdinand, tout en percevant une véritable évolution. On ressent une volonté d’explorer sans renier les fondations du groupe.
Le premier titre s’appelle Audacious. Comme son nom l’indique, il évoque l’importance de continuer à oser. Et ce morceau ose notamment beaucoup en terme de production et de composition. On retrouve plusieurs changements de rythmes et le dernier refrain s’arrête en plein milieu d’une phrase. On adore aussi entendre Alex Kapranos qui, avant le début de la mélodie, dit « Here we go with Riff 1 » . Le groupe s’amuse et cela se ressent. À la première écoute, ce titre peut déstabiliser mais le refrain reste tellement en tête qu’il est difficile de ne pas y revenir.
Franz Ferdinand – Audacious
Le deuxième morceau, Everydaydreamer, aurait tout à fait trouvé sa place sur Always Ascending. Il reprend cette ambiance kitsch soutenue par des lignes de synthé particulièrement intéressantes. Mais si le refrain est entraînant, les couplets s’avèrent très nostalgiques, mélancoliques et malheureusement trop plats. L’impression de faire du surplace s’installe rapidement. Cela colle toutefois au sujet de la chanson, qui dépeint un rêveur souvent perdu dans ses pensées. À l’image de ce personnage, le titre semble nourrir de grandes ambitions sans jamais véritablement passer à l’action.
Place ensuite à The Doctor et Hooked qui renouent avec l’énergie et la fougue des deux premiers albums du groupe. The Doctor affiche le BPM le plus rapide depuis Evil And A Heathen et semble taillée pour déclencher des pogos en concert. Quant à Hooked, elle s’impose comme l’un des morceaux les plus dansants de leur discographie. On s’éloigne du rock pour aller vers l’EDM mais l’énergie et la bonne humeur sont telles que l’on est impatient d’entendre ce titre dans les clubs. C’est un titre qui divisera tant il est conçu uniquement pour danser. Personnellement j’aime tellement que c’est LE morceau que j’ai le plus écouté depuis la sortie de l’album. Côté paroles, on note avec plaisir des passages en français : Alex Kapranos évoque l’« Hôtel du Nord » et répète « Amour ! Amour ! », un clin d’œil à sa compagne française. On reste cependant dubitatifs face au « Tout le monde is alright ».
Build It Up est une chanson agréable et efficace, qui passe très bien en live. Mais c’est le seul morceau de l’album dont le titre est mensonger. On attend justement que le morceau « build up » mais cela n’arrive jamais. À un moment, des guitares menaçantes semblent promettre une montée en puissance, mais elles disparaissent presque aussitôt, laissant une sensation d’inachevé. Night Or Day, en revanche, manque de surprise. Elle sonne familière, déjà trop attendue et trop entendue dans la discographie de Franz Ferdinand. Si ces morceaux ne manquent pas de qualités, ils peinent à offrir l’étincelle d’originalité ou d’intensité que l’on attendrait d’eux dans le cadre d’un album aussi audacieux que The Human Fear.
Tell Me I Should Stay démarre par une mélodie au piano absolument sublime, laissant présager un grand moment d’émotion, à l’image de morceaux tels que Eleanor Put Your Boots On ou Fade Together. Mais malheureusement non. Le titre oscille entre une musique un peu dansante, mais pas suffisamment pour convaincre, et des paroles légèrement romantiques, mais trop timides pour marquer. Dommage car il y avait de bonnes idées mais aucune d’entre elles n’est assez exploitée.
Avec Cats et Bar Lonely on repense beaucoup aux premiers albums qui nous ont fait aimer le groupe. On y retrouve cette énergie et ce genre de riffs qu’eux seuls savent faire qui nous donnent autant envie de sourire que de danser. Ces morceaux capturent à merveille l’énergie caractéristique du groupe, portée par ces riffs uniques qu’eux seuls savent créer. À leur écoute, il est difficile de ne pas se laisser emporter par un irrésistible mélange d’envie de sourire et de danser.
D’ordinaire, les albums de Franz Ferdinand sont très grand public et rassemblent facilement. Mais The Human Fear risque de diviser les fans. D’un côté, on y retrouve l’énergie et la fougue du début qui ont fait leur succès. De l’autre, on a parfois l’impression que l’âme du groupe s’est diluée. Les idées sont bonnes, mais rarement abouties, donnant le sentiment qu’ils expérimentent pour le simple plaisir d’expérimenter, sans réel fil conducteur. Malgré cela, certains titres tirent brillamment leur épingle du jeu. Ils s’imposent déjà dans nos playlists et promettent des moments mémorables de danse en live.
TRACKLIST
Audacious
Everydaydreamer
The Doctor
Hooked
Build It Up
Night Or Day
Tell Me I Should Stay
Cats
Black Eyelashes
Bar Lonely
The Birds
La note de la rédactrice : 6/10
Ses titres préférés : Hooked, The Doctor, Cats
Les autres notes :
Marion : 5/10. Un album très inégal avec des titres pratiquement inécoutables (Hooked)
No Comments