The Moonlandingz – Interplanetary Class Classics

Avec Interplanetary Class Classics, les petits nouveaux de The Moonlandingz semble veuloir retracer les segments d’un rock décomplexé et sous amphets. Souffle bienvenu ou pétard mouillé ? Ecoute et critique d’une oeuvre à la densité cachée. 

Entrez dans une galaxie bien particulière. Chez Radical Production et Trangressive Records, on a toujours dégoté quelques jolis ovnis. The Moonlandingz, un beau programme : les musiciens Adrian Flanagan et Dean Honer se sont associés à Lias Saoudi et Saul Adamczewski (qui vient tout droit de la Fat White Family). Mais l’album regorge aussi d’invités étonnants et forcément notables : on pense à Sean Lennon et… Yoko Ono. Alors c’est donc sérieux.

Interplanetary Class Classics connait bien l’art de la surprise. Les auditeurs ne sont jamais certains de ce qu’ils vont écouter, de ce qui va suivre. Premier tableau étrange que celui de Vessels, où jailli un spectre émanent de Gerard Way. Cordes vocales déjà volontairement arrachées ; aucun problème, les instruments font le boulot et valdinguent comme un orchestre funeste. Vient l’orgue dément de Sweet Saturn Mine. On nage en plein dans le cosmos, cet univers étendu d’un rock solaire aux effusions (presque) garage. Les refrains maintiennent un rythme soutenu, maîtrisé. Nous aurions donc affaire à une bande de musiciens sacrément talentueux ? Black Hanz soulève une nouvelle fois cette hypothèse. Dérangé mais pas trop, le morceau sait assurer les qualités d’un single surpuissant. Entre les thèmes du désespoir soutenus par les riffs d’une basse maîtresse, le groupe a du grandir dans les pubs urbains, au son de Sonic Youth et plus tard, de Birth of Joy. Loin de là le plagiat, The Moonlandingz franchit aussi ses propres frontières sonores. Lorsque I.D.S raisonne, on ne peut qu’évoquer sa teneur live, qui doit être remarquable.

 

La vrai pause, typée ballade, on l’a détient en The Strange of Anna. Dans ce nouveau tiers de l’album, le groupe semble avoir les mains pleines d’hommages. Si ce morceau nous rappelle les déplorations d’Everything You’ve Come to Expect des Last Shadow Puppets, c’est surtout Lou Reed qui domine, aux côtés de Nico, pour transcender les souvenirs du Velvet Underground. La chanteuse Rebecca Lucy Taylor, qui est venue poser sa douce voix, donne au titre non seulement l’aspect d’une musique de chambre, mais également une invitation parfaite à un slow sensuel. Passé l’interlude jubilatoire Theme For Valhalla Dale, une autre porte s’ouvre. The Rabbies Are Back donne du fil à retordre à LCD Soundsystem, en proposant le refrain le plus fédérateur d’Interplanetary Class Classics. Si le jeu de guitare discordant et les choeurs fantomatiques de Neuf Du Pape bénissent nos oreilles, c’est grâce à l’effet secondaire des morceaux précédents. En soit, The Moonlandingz réussi le défi de proposer une oeuvre cohérente et logique. La grinçante Glory Hole ne dérange pas à la règle. Les sons se mélangent, s’assemblent et poursuivent des tonalités vocales dignes de David Bowie. Graves, parfois tremblantes et aiguës quand il le faut. Symptomatiques d’une fourmilière de talents totalement fous.

Retour dans l’espace. The Moonlandingz appréhende les terres de Pond et Tame Impala avec Lufthansa ManLes voix se font ici timides, pourtant bien accrochées à un riff de guitare redoutable, sans faute. Si on regarde un petit peu en arrière, difficile de ne pas remarquer les trainées psychédéliques du vaisseau. Interplanetary Class Classics recèle de trouvailles multi-formes, allant d’un punk désabusé au groove rock’n’roll anglais. Sans oublier les moments de pauses, puisque ce sont les violons qui terminent Lufthansa Man. Vient donc cette mélancolie dés lors dissimulée, peut-être peu assumée. L’hymne d’Interplanetary Class Classics, c’est pourtant bien son final. Grandiloquent et digne des candeurs de Fleetwood Mac, This Cities Undone est une odyssée de 6 minutes qui englobe tout le propos de l’album. « This cities, those cities, this cities undone », tandis que la perle rare Yoko Ono décrit des paroles indiscernables, The Moonlandingz décroche sa propre lune. Moment unique pour un album concept qui est bien dans sa peau. La maturité au bout du nez, The Moonlandingz pourrait, au fil du temps, devenir un représentant ferme inter-générationnel.

Tracklisting

Vessels

Sweet Saturn Mine

Black Hanz

I.D.S

The Strange of Anna 

Theme for Valhalla Dale

The Rabies are Back

Neuf du Pape

Glory Hole

Lufthansa Man

This Cities Undone

Nos morceaux favoris : The Strange of Anna, The Rabies are Back, Lufthansa Man, Black Hanz, Sweet Saturn Mine, Neuf Du Pape, I.D.S, This Cities Undone…

La note : 9,5/10

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