Palma Violets « nos concerts ce sont des rencontres violentes mais ce sont des rencontres avant-tout. »

Les salles d’attente de maisons de disques ne sont pas à  géométrie variable mais les Palma Violets savent recevoir et se mettre au piano, lunettes de soleil vissées aux yeux, bien marqués  un lendemain de veille. Un accueil en fanfare pour une interview sauvage aux rires intempestifs mais à l’authenticité savoureuse. L’occasion de papoter autour de leur dernier album Danger in the Club, du rêve américain, de la vie bohème à Londres et de perfectionner leur prononciation française du mot « pamplemousse »!

Votre album s’appelle « Danger in the Club », on se demande alors qui est le danger et surtout de quel club il s’agit?

(Rires) Alors… c’est juste une question d’interprétation. Pour l’instant c’est vous mais ça peut devenir nous demain, tout le monde peut le devenir. C’est assez parlant pour notre génération. A notre époque, ce n’est pas évident, à Londres, notamment, personne ne sait ce qu’il doit faire, comme s’il avait le poids du monde sur ses épaules,  et tout change très vite. C’est ça le « Danger in the club ».

Cet opus commence par Sweet Violets, une reprise de Dorothy Collins, on dirait que c’est du backstage, pris sur le vif dans les coulisses de l’enregistrement, c’était le cas? 


(Ils chantent) C’est un vieil hymne en Cockney du nord- est de Londres. Quand on est revenus de Reading, on n’avait pas composé de chansons depuis un an. C’est jamais quelque chose de bon pour un groupe. (rires) On vivait en autarcie, on coupait du bois, on faisait tout par nous- mêmes. On ne savait pas qui interprétait cette chanson. A cause de notre nom, on nous l’a chantée et aussitôt  nous l’avons reprise en choeur. C’était très joli, c’était  un moment très vrai. C’est précisément  l’instant  où l’album est né.  Dans les bois (rires). C’était tout naturellement qu’elle est devenue la première chanson, et sans doute la meilleure, sans guitare. (rires).

On vous connaît pour votre énergie, pourtant dans cet album, il y a des chansons assez sombres comme Coming Over My Place, The Jacket Song où votre voix est  profonde comme celle de Ian Curtis.

Oui c’est assez triste.C’est plutôt le chant de crooner que vous écoutez assis !  En live c’est formidable, à côté de chansons plus énergiques… c’est une façon d’équilibrer un peu le show. Après, Joy Division, ce n’est pas forcément nos influences, on est toujours pre- punk, Doctor Feel Good, Nick Low, des groupes qui envoient comme ça, du punk en général. C’est un gros boulot de voix,  ça peut prendre des années à certains chanteurs pour  trouver leur voie , ça prend du temps car ils se découvrent eux- mêmes  et façonnent leur  identité (rires) En même temps c’est normal on grandit, on grandit en groupe, avec le groupe.

Grandir, c’est justement ce qui saute aux oreilles en premier à l’écoute de cet album moins adolescent que le premier, comment le définiriez- vous?


« Confortable ». On n’est pas allés trop loin, certains profitent du deuxième album pour rajouter une sacrée dose de cordes. On a gardé ce qui était utile. En écrivant, on avait des idées, des idées souvent ambitieuses mais on s’est rapidement dit : ça va trop loin. 3 grattes c’est suffisant. L’idée principale, c’est de rester simple.

 

Vous étiez bien accompagnés sur l’enregistrement puisque vous avez travaillé avec John Leckie, ingénieur du son qui a oeuvré  avec les Stone Roses, The Fall. Pourquoi l’avez vous choisi? 


On voulait un anglais, pas un américain, on n’ a rien contre les américains mais on voulait quelqu’un avec un certain pittoresque : le drapeau britannique, la couronne… John n’avait pas bossé avec des groupes rock depuis près de 10 ans. On s’est rencontrés et (il tape des mains), ça s’est fait. Il est brillant, c’est un producteur fabuleux. Il a amené quelque chose d’important qui manquait à l’album précédent, moins de reverbération, plus de confort d’écoute. On voulait pouvoir distinguer tous les instruments à la première écoute, dans le premier tout est un peu confus. Il a réussi à capturer le moment, ça a pris un temps fou. (Sourire.)

En même temps cet album est dans la continuation du précédent avec des chansons très énergiques comme English Tongue. Comment composez-vous ces chansons? En tournée?Vous vous imaginez sur scène? Vous pensez à la façon de retourner votre public? 


On imagine comment un public peut réagir, c’est ainsi que pensent des groupes de scène. Comme on n’enregistre pas en live, il faut anticiper les réactions.

Dans vos concerts, il n’y a pas que de la danse, mais pas mal de pogo aussi, des sauts dans la foule…


Faites tout ce que vous voulez et tout ce que vous ressentez ! On est les chefs d’orchestre. Chilli est bon à ça. Beaucoup de gens veulent se défouler mais ils ne connaissent pas forcément nos morceaux. Il ne faut pas commander mais encourager aux bons moments.

(Chilli) J’ai envie de rencontrer des gens. Quand on écrit des chansons, c’est pour les communiquer, et en live, c’est une façon d’ impliquer facilement avec ce processus.


(Samuel) Quand Chilli saute sur le premier rang, c’est de la communication, on regarde ces gens dans les yeux et on leur crie dans les oreilles « helloooo » (il fait de grands gestes comme s’il était sur scène). C’est une rencontre violence mais c’est une rencontre avant tout.

Vous avez dit que vous vouliez un ingénieur du son anglais mais il y a aussi des thèmes américains dans cet album avec Hollywood ou Secrets of America, c’est une fascination, un rêve? 


On a pas mal tourné dans le monde entier et notamment aux Etats-Unis, du coup on a eu l’occasion de découvrir  ces endroits mais surtout leurs côtés obscurs, comme la tristesse d’Hollywood, ou le moment où tu éteins l’interrupteur pour voir le côté sombre de Los Angeles. Quand on rencontrait des gens là-bas, on était l’étranger, l’outsider, avec une observation minutieuse du « décor », sans illusion. Notamment à Los Angeles, où l’on passe du faste à la décadence en 1 seconde. Ce qui peut être surprenant en Californie car … il y a beaucoup de soleil (rires). Mais c’était formidable, ça donne un côté plus humain à cette grande ville.

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Comment avez-vous été accueillis, vous, les petits anglais aux Etats-Unis?


C’était super, en fait c’est la meilleure façon de découvrir ce qu’est un vrai « road trip ». Après, le public adore les musiciens anglais. Ils ont très bon goût mais ils sont très durs avec les groupes américains, qui sont formidables mais si nombreux. Ils sont tellement bons, ça vient sans doute du fait que tu ne peux pas aller dans les bars avant l’âge de 21 ans du coup tu traînes dans le garage et fais de la musique avec tes potes. Quand il y a un musicien américain à l’affiche d’un concert anglais, c’est le grand événement, là c’était l’inverse.

Vous avez assuré  la première partie de Miles Kane il y a 2 ans dans le NME Tour. Et quel est le sentiment de passer de la première partie à la tête d’affiche cette année ? 

Ah, c’est quelque chose! J’avais l’habitude d’y aller quand j’étais enfant. C’est un rêve. Et quand en plus on a fini à Kentish Town, au Forum… j’ai toujours rêvé de jouer là-bas… Tout est allé très vite mais Rough Trade nous avait prévenus : « On peut vous signer maintenant ou on attend que vous ayez grandi   mais si c’est maintenant tout va s’enchaîner à vitesse grand V. »   Mais comment refuser?… (silence) C’est quand même le meilleur label du monde.Ils ont fondé le rock d’aujourd’hui avec les Strokes ou les Libertines. Ils savent prendre des risques et dans ce domaine, c’est rare…


Kentish Town, pourtant c’est loin du lieu que vous affectionnez tout particulièrement à Londres : Lambeth North. Vous avez enregistré là-bas, vous y avez fait des concerts, vous avez tourné des clips dans ce quartier du sud de la capitale notamment Danger in the Club comme s’il faisait partie intégrante de votre musique … 


Totalement. C’est dommage que ce quartier change de visage jour après jour avec la construction de grands hotels, c’est triste. On habite dans un coin encore « vrai ». A Londres, il y a pas mal de salles de concerts qui ferment tous les jours. Alors on se bat pour rester là-bas. C’est un quartier qui a vu mourir Chaplin, il a une importance historique. Mais les gens y viennent de plus en plus car le loyer n’est pas cher. Mais nous on aime bien ce  » chez soi « , petit et intime dans le grand Londres.

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