Sleaford Mods crachent leur venin sur la Gaîté Lyrique

Les Sleaford Mods ont la vie que vous avez toujours rêvé d’avoir. Récit d’une soirée riche en sueur, en bière et en postillons. 

« Sleaford Mods! Sleaford Mods! Sleaford Mods! » Le set du très attendu duo n’a pas encore démarré qu’une base de fans hardcore scande déjà le nom de la formation. L’air de rien, le beatmaker Andrew Fearn vient installer son ordi sur scène, sous les ovations d’un public déjà acquis à la cause du groupe. Disparaissant en coulisses, c’est 5 minutes après qu’il revient sur scène flanqué de l’autre prince de la soirée: Jason Williamson. La Gaîté Lyrique, peu préparée à cet événement, tremble sous les acclamations du public. D’une façon exagérément maniérée et avec un sourire particulièrement faux, Jason se poste fermement devant le micro tandis que Andrew balance les premiers rythmes. L’assaut est lancé. 

Démarrant avec un Army Nights de haute volée, le duo nous montre tout de go de quoi il est capable, et surtout de quoi consistera cette heure de show, où il convient d’embrasser l’absurdité de la chose. Andrew, la main gauche tenant fermement une bière, l’autre dans la poche, bouge au rythme de la piste instrumentale lancée avec vigueur; et Jason, pur frontman déchainé, éructe comme si sa vie en dépendait. Bien évidemment, les postillons coulent à flots, et nous gageons que les premiers rangs sont ressortis de la salle littéralement rincés. Le visage constamment rougi par l’effort, Jason délivre sans faute et par cœur ses lignes, crachant à la gueule de tout le monde et de tous les sujets d’actualité, amenant sa voix où il le souhaite. Et c’est un point qui surprend déjà énormément: la voix du frontman est impressionnante de coffre, prenant de multiples formes, parlant, hurlant, imitant des cris d’animaux sans jamais faiblir ou faillir.

Et le moins que l’on puisse dire, c’est que ce set aura été un sans faute. Mettant évidemment en avant le tout nouveau English Tapas, avec les excellents Snout, Dull, Drayton Manored ou encore Cuddly, les Sleaford Mods rendent également hommage au reste de leur discographie: Britain Thirst et I Can Tell y passent, tout comme le jouissif Jolly Fucker. Ce titre sera d’ailleurs l’un des plus extatiques du set, pour une raison bien simple: à public acquis, réactions démesurées. Il ne faut alors qu’une légère accélération de tempo pour que des pogos s’ouvrent dans les premiers rangs; et quels pogos.

Les premiers symptômes apparaissent durant Moptop, énième extrait de English Tapas. La ligne de basse fait son effet et ouvre les premiers rangs en un cercle de contact mouvementé. L’impressionnant Carlton Touts enfonce le clou, lançant les premières inévitables vagues de crowd-surfing. Plus les minutes passent, plus le show gagne en intensité: TCR est vite suivi par l’implacable combo Routine Dean + Jolly Fucker. Les chiens sont lâchés, la foule carbure à plein régime: la machine Sleaford Mods ne s’arrête plus. « Vous passez un bon moment? » s’enquiert Jason.

Car voilà un autre aspect étonnant et détonnant de l’expérience live Sleaford Mods. Là où l’on imagine en studio un duo je-m’en-foutiste et exécrable au possible, on découvre sur scène un tandem certes jouant avec cette image, mais révélant une sensibilité et une humilité sincèrement touchante et jamais simulée. « Si jamais on revient à Paris, on espère que vous accepterez encore de nous accueillir ». B.H.S. est envoyée en guise de signal d’adieu; mais ce serait mal connaître les Sleaford Mods.

Bière à la main, serviette sur le front, le duo revient, plus que jamais prêt à en découdre; et parler de fin en apothéose serait un doux euphémisme. Balançant sans prévenir le titanesque trio Jobseeker/Tied Up in Nottz/Tweet Tweet Tweet, le duo ouvre la Gaîté Lyrique en un gigantesque mosh-pit n’épargnant rien ni personne. Un épileptique jeu de lumières rend la performance scénique magistrale tandis que Andrew délivre laconiquement ses rythmes destructeurs et que Jason crache ses ultimes réserves de venin dans son micro. Drop mic, cris de félicités, les Sleaford Mods s’en vont sous un tonnerre d’applaudissements, nous remerciant et nous priant de les accueillir de nouveau. Bien plus qu’un simple concert, une expérience live incroyablement forte, révélant devant nos yeux ébahis les deux plus grands ambassadeurs de la scène post-punk-rock actuel. Sans fioritures, sans exagérations: de la performance pure, et un plaisir sincère. A graver dans les annales.

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Setlist Sleaford Mods @ La Gaîté Lyrique (23/05/2017)

Army Nights

I Can Tell

Britain Thirst

Moptop

Snout

Carlton Touts

Dull

TCR

Time Sands

Routine Dean

Jolly Fucker

Drayton Manored

Cuddly

B.H.S.

Jobseeker

Tied Up in Nottz

Tweet Tweet Tweet

 

 

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