Retour sur les temps forts UK du Primavera Sound

Nous étions à Barcelone ces derniers jours pour le Primavera Sound, l’un des plus gros festivals d’Europe. Cette année la programmation était riche, mais globalement peu axée UK… On vous raconte tout de même les concerts auxquels nous avons assisté.

 

Mercredi 30 mai

En ce premier jour de festival, la programmation est limitée mais l’accès est totalement libre, tout le monde peut donc profiter de ces premiers concerts. Et le premier temps fort arrive un peu après 22h, lorsque Belle and Sebastian montent sur scène. Les écossais sont en forme, et le public leur rend bien cette énergie. Projetant des vidéos assez variées pendant leur set (des pantins, un clip vintage joyeusement surjoué…), le groupe reste souvent à sa place, sauf Stuart Murdoch qui va d’un bout à l’autre de la scène, partageant sa bonne humeur. Il va même chercher quatre jeunes filles et les fait monter sur scène pour danser avec, avant de carrément emmener une dizaine de personnes avec lui, permettant à ces heureux élus de se défouler en compagnie de leur groupe préféré. Quand vient l’heure du rappel, avec The Party Line, tout le monde est définitivement conquis.

 

Jeudi 31 mai

C’est donc le jeudi que le festival commence vraiment. Toutes les scènes sont cette fois ouvertes (ce n’était pas le cas hier), et on peut profiter du site dans sa totalité. On commence par aller voir Hinds, groupe espagnol féminin qui a une très bonne énergie, avant d’assister à la seconde moitié du set d’Ezra Furman. Celui-ci terminé, on se place devant l’une des scènes principales pour assister au concert de Sparks. Les deux compères arrivent dans des tenues rose pastel, tout comme leurs musiciens. Le set débute alors avec un What The Hell Is It This Time ? entrainant, puis les particularités de Sparks (c’est-à-dire les choeurs et les fluctuations du chant) débarquent avec Propaganda. Ron Mael, toujours hyper sérieux au clavier, est complètent à l’opposé de son frère Russel qui ne tient pas en place. À presque 70 ans, on ne peut qu’applaudir un frontman pareil !

On part ensuite voir Warpaint, Unknown Mortal Orchestra ainsi que Nick Cave et ses Bad Seeds, grand gagnant de la soirée. Gourou magistral, l’australien s’impose comme le vrai maître de la scène et de son public. On a certes vu un unique groupe anglais aujourd’hui, mais la journée aura quand même été vraiment réussie.

 

Vendredi 1er juin

Comme hier, il y a peu de groupes anglais programmés aujourd’hui. Nous commençons donc la journée avec un peu de John Maus, avant d’enchainer avec le superbe set de Father John Misty et les grands The National. On prend une petite dose pop avec Haim, mais au bout de trois chansons on doit déjà partir pour aller rejoindre la scène où Idles s’apprête à jouer (une dizaine de minutes séparent les deux scènes). Il est alors 1h30 du matin, nous sommes au bord de la mer et un bon groupe de fans s’est déplacé pour apprécier le concert du quintet de Bristol; ils ne le regretteront pas. En effet, Idles sont fidèles à eux-mêmes et délivrent un set brutal sans aucune interruption (si ce n’est leur interprétation a capella de All I Want For Christmas Is You). Le chanteur profite parfois de la fin des morceaux pour parler un peu (ou plutôt crier un peu), faisant des discours pro-immigration : « I fucking love immigrants, every single one of them, who were brave enough to fly from their countries to ours, long live immigrants, long live foreign countries, long live love » ou louant les services du National Health Service. Il clame aussi son amour pour le festival, selon lui le meilleur du monde, et l’enthousiasme du groupe se ressent : le guitariste, complètement déjanté sur scène, finira par crowdsurfer sur un public entièrement conquis. Besoin d’une preuve ? Les pogos, plutôt violents d’ailleurs, ne s’arrêteront pas de tout le set. Heureusement que l’air marin vient nous rafraîchir à la fin…

On termine cette journée en allant voir la fin du set de Ty Segall and the Freedom Band. Jusque-là, le line-up est vraiment bon, même si on sait que le meilleur reste à venir.

 

Samedi 2 juin

Et c’est parti pour la dernière journée de Primavera ! On commence tranquillement avec Let’s Eat Grandma qui sont sur le Hidden Stage. La scène porte mal son nom car elle n’est pas tant cachée (elle figure carrément sur le plan du festival !) que limitée : une fois la petite capacité atteinte, l’accès est fermé. Quand nous arrivons il reste de la place, et nous pouvons danser sur les premières chansons, toutes issues de leur album à paraître à la fin du mois : Hot Pink, It’s Not Just Me… On se doute que le set va ressembler très fortement à celui du Supersonic il y a quelques semaines, on part donc ensuite voir le début de Car Seat Headrest avant d’aller assister au concert de Rex Orange County. On arrive pendant son duo avec sa copine pour Sycamore Girl, qui rend vraiment très bien en live. Elle quitte ensuite la scène pour laisser au jeune homme le soin de faire profiter la foule de ses compositions. Il sert alors un set dont les paroles sont aisément reprises par le public, avec un engouement tout particulier pour l’évidente Loving Is Easy et Best Friend, très enjouée en live. Après seulement trois quarts d’heure, l’anglais doit quitter la scène, mais il aura toutefois eu le temps de nous laisser une très bonne impression.

On s’attarde alors sur la scène voisine pour écouter Rolling Blackouts Coastal Fever, au très bon potentiel, puis on se dirige vers le concert d’Ariel Pink. À la fin de celui-ci, on préfère aller directement se placer pour le concert d’Arctic Monkeys, et nous assistons donc à la fin du set de Lykke Li. Nous faisons bien, car nous arrivons à être devant et avons ainsi une super vue pour apprécier Alex Turner, Nick O’Malley, Jamie Cook et Matt Helders lorsqu’ils arrivent sur scène, avec cette fois aussi des musiciens supplémentaires. On ne savait pas trop à quoi s’attendre pour cette première date de festival : nos singes préférés allaient-ils changer un peu la setlist, ou conserver plus ou moins la même que pour les deux Zénith ? Ce sera finalement la deuxième option, avec exactement la même setlist que pour la date du 30 mai.

L’ouverture sur Four Out Of Five fait toujours autant d’effet, le refrain magnifique étant une sublime porte d’entrée vers ce concert nocturne. Pas de répit pour le public qui se voit ensuite offrir l’enchainement Brianstorm / I Bet You Look Good On The Dancefloor / Don’t Sit Down Cause I’ve Moved Your Chair. La setlist semble moins équilibrée que celle du premier concert parisien, pas tant pour les chansons (à l’exception de Fireside remplacée par One For The Road, ce sont les mêmes), mais pour les enchainements. Par exemple, 505 arrive très tôt dans le set, ce qui est dommage pour une chanson d’une telle ampleur émotionnelle. Mais bon, la qualité du live nous fait un peu oublier cet ordre étrange et on profite notamment d’entendre à nouveau les dernières-nées, que ce soit la très jolie One Point Perspective, l’exaltante She Looks Like Fun ou encore Tranquility Base Hotel & Casino, qui nous offre un très beau moment suspendu. Arctic Monkeys sont clairement les rois de la soirée (voire du festival), et ils profitent à fond, jouant également des classiques plus anciens comme Cornerstone ou The View From The Afternoon, tous repris par une foule motivée, profitant à fond de chaque instant. Alex, moins déjanté sur scène avec les Monkeys que pour les Last Shadow Puppets, trouve quand même le moyen de faire des pas de danse improbables, de passer à quatre pattes sous le piano ou de mimer la Macarena pendant Don’t Sit Down Cause I’ve Moved Your Chair, amusant ainsi les premiers rangs ou ceux qui regardent sur les écrans géants.

Au global, il y a beaucoup de chansons d’AM, ce qui est compréhensible mais un peu dommage : on se dit que certaines pourraient être remplacées par d’autres chansons unanimement appréciées des fans, comme Mardy Bum ou Fluorescent Adolescent. Peut-être qu’au fil de la tournée la setlist évoluera, mais pour cette fois il n’y avait pas de surprise notable. Reste que voir Arctic Monkeys sur scène en ce moment, alors que le groupe est une fois de plus au sommet (un sommet de plus en plus haut avec chaque nouvel album), est une chance assez incroyable. Le professionnalisme du groupe, leur nombre incalculable de chansons cultes et l’attitude live d’Alex Turner sont à ne pas manquer si vous avez l’occasion de croiser leur chemin. Nous en tout cas, on ne manquera pas d’aller les revoir.

Après ce show magnifique, il est difficile de prendre conscience que ce n’est pas fini, que d’autres groupes vont jouer : Beach House sont en effet programmés peu après, le temps de rejoindre la scène sur laquelle ils jouent et nous voilà prêt à planer sur leur musique, apaisante après le concert mouvementé des quatre garçons de Sheffield.

On quitte le festival après ce set, ravis d’avoir pu assister à autant de bons concerts. Les artistes UK présents n’ont pas déçus, surtout Arctic Monkeys qui prouvent toujours être le plus grand groupe anglais actuel.

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