Miles Kane classique voire décevant à Feyzin

1h15 de set et puis s’en va : le rockeur anglais était comme d’habitude remplit d’énergie, mais sans agréable surprise, au contraire.

Après le concert inoubliable de Peter Hook la semaine dernière, nous voici de retour à l’Epicerie Moderne pour voir Kane défendre son Coup de Grâce. Ce troisième effort, qui nous avait déçu, était attendu de pied ferme en live par les fans. Récit.

On ne présente plus Miles Kane. Si le musicien est connu pour sa présence dans les groupes The Little Flames et The Rascals, c’est finalement avec les Last Shadow Puppets qu’il va connaitre le succès. Après deux albums solos satisfaisant la critique et les fans et accompagnés de concerts prometteurs, il reprit l’aventure avec Alex Turner. Le revoici pour cette petite tournée franco/italienne en solo.

La première inquiétude, c’était cet enchaînement de dates. Alors qu’il était le vendredi soir à Rouen, le voici le lendemain en banlieue de Lyon, soit 600 kilomètres en tour bus. Alors que les premiers fans étaient devant la salle dès 11h, la première partie n’arriva qu’aux alentours de 20h45 et ce pour un peu moins de trente minutes.

Puis le rockeur s’est fait désirer. On patiente gentiment, et le voici qui arrive à 21h45. Habillé de sa combinaison fétiche, il décoche un sourire en voyant au premier rang les groupies au même maquillage sous les yeux que lui. Silverscreen est alors lancée, ce qui nous fait remarquer que sa voix criante peu appréciable en studio l’est encore moins en live.

S’ensuit alors Give Up, l’une des deux rescapées du second album. L’énergie est communicative, le public est déjà chaud, et les trois musiciens de scène montrent une bonne maîtrise du sujet. Inhaler prend alors la relève, et Miles s’enflamme : il joue son solo comme si touché par la grâce de Dieu dans un costume de rock n’ roll star peut-être un peu trop grand pour lui.

La prochaine chanson offre une introduction totalement inconnue du public. Et pour cause, il s’agit d’un arrangement du magnifique My Fantasy. Problème : cela n’a rien d’un bijou, bien au contraire. On a beau se ravir d’entendre ces belles paroles, la sauce ne prend vraiment pas. Il est certes intéressant de se risquer à des versions live, mais encore faut-il qu’elles soient bonnes. Le pire est offert par la batterie, avec une grosse caisse bien trop forte et une charleston mal sentie.

Le grand single du troisième album se dévoile alors : voici Loaded. Le piano ne rend pas très bien et la grosse caisse semble de nouveau un peu trop forte, mais la voix est beaucoup plus agréable sur cette balade. La foule semble plus que bien connaitre les paroles, rendant l’atmosphère fort chaleureuse.

On poursuit avec les nouvelles chansons, en l’espèce Shavambacu. Le set devient calme, un peu trop peut-être. La version live ne remplaçant pas les déceptions de l’écoute studio, qui finalement parait plus agréable que cette dernière. On espère que l’énergie communicative va reprendre le dessus, qu’importe les chansons.

C’est alors qu’arrive Killing The Joke. Miles pose sa guitare électrique, et décide de se focaliser sur le micro en jouant avec le fil (on se demande qui a pu l’inspirer…). Initialement accompagnée par une belle guitare acoustique, celle-ci ne sera jamais sortie sur la totalité du show. L’anglais a beau croire en ses paroles, il se laisse trop emporter dans de hautes tonalités, après deux trois checks aux premiers rangs.

Enfin le réveil sonne, par le biais de Too Little Too Late. Le mix des instruments semble alors bien plus cohérent, le public donne le rythme mais finalement la chanson s’éternise un peu trop. On notera également tout au long de la performance un photographe/caméra-man qui ne le lâcha pas d’une semelle, quitte à croire qu’il tourne un clip, gâchant quelque peu l’instant.

Avant d’entamer LA Five Four, le voici qui applaudit le public comme à son habitude, insistant un peu trop lorsqu’il voit la caméra faire un gros plan sur ses mains. Rock n’ roll. Pas de guitare non plus ici, mais beaucoup de cris dans le micro. La première reprise par les musiciens est ratée, mais la seconde sera bien mieux réalisée. Voilà qu’il joue avec le public, histoire de reprendre quelques forces pour la dernière ligne droite.

Et là, les connaisseurs retiennent leur souffle. Le synthé lance un Ré mineur, que les fans des Arctic Monkeys connaissent bien évidemment avec 505. Mais en fait non, il s’agit d’une version live de Wrong Side of Life. La déception est assez terrible mais au final on est assez surpris par cette bonne interprétation.

Le rockeur nous énonce alors qu’il se sent comme à la maison (sûrement la première fois qu’il dit ça à un public), et après avoir attrapé en plein vol un petit cadeau d’un fan voici Colour of the Trap, dans un style bien arrangé. Le synthé offre un son assez discutable, la magie n’est pas autant présente que dans le premier opus, le solo est gâché, et les  »la la la » semblent un peu de trop après cette déception.

Les premières notes de Rearrange viennent alors nous remotiver, mais pas pour longtemps. Bien qu’heureux de chanter ces paroles connues sur le bout des doigts, la batterie qui nous semblait bien trop forte est de retour, gâchant ce moment tant attendu. Le guitariste pourtant reconnu préfère laisser la rythmique à son musicien de scène, qui ne semble trouver le son adéquat.  »Lyon we are here » est crié pour chauffer la salle, c’est gentil de nous rappeler que vous êtes là on n’avait pas remarqué.

Après un check à un petit de 10 ans fou de joie, Cry On My Guitar résonne, avec une basse un peu trop forte hélas. Les balances sont véritablement discutables sur l’ensemble du set, à croire que la route du jour n’a permis d’en assurer de bonnes. Force est de constater que la voix est de plus en plus appréciable depuis quelques chansons.

Le rockeur nous énonce alors qu’il va nous jouer un nouveau single, qui aurait donc pour la première fois était joué la veille à Rouen. Il s’agit de Can You See Me Now, agréable découverte. Le Kane maniéré se dévoile totalement après des rires exagérés du fait d’un mauvais branchement de la guitare. Le caméra-man se colle devant le public, ce qui est véritablement insupportable.

Et le voici le voilà. Le Coup de Grâce. Plutôt sympa en live, mais il faudrait offrir des cours de prononciation à l’anglais. C’est bien marrant de choisir des mots français, mais l’exagération est de trop. La veste est de plus en plus ouverte afin de montrer la sueur dégoulinante, et la chaîne qui dépasse.

Don’t Forget Who You Are est énoncée comme dernière chanson du set, assez sympa avec les  »la la la » en a cappella pour mieux repartir. Mais on sait bien que cela est faux car il n’oserait partir sans Come Closer. Le tube ne réveillera pas les pogos absents du concert, même si le public est bien chaud sur la fin. Les musiciens semblent enfin avoir le droit de se déplacer et communiquent brièvement avec la star.

Au final, que retenir de ce concert de Miles Kane version 2019 ? Tout d’abord, 17 chansons et même pas 1h15 de concert. Pourtant, il quitta la scène comme s’il venait d’effectuer le concert de sa vie. A titre de comparaison, Peter Hook n’avait pas fait la moitié de son set… On pourra me dire que Hooky a plus d’albums à son actif, mais Kane avec ses groupes en a 7 au total. Il ne prend même pas la peine de jouer des tubes comme Taking Over, Better Than That ou encore Kingcrawler. Et que dire des chansons avec ses groupes… A croire que le Miles de 2013 qui fait les premières parties des Arctic Monkeys n’a pas évolué, qu’il restera toujours dans l’ombre de Turner.  »I just want to keep rockin all night long » nous a-t-il dit, encore faut-il joindre les paroles aux actes.

SETLIST

Silverscreen

Give Up

Inhaler

My Fantasy

Loaded

Shavambacu

Killing The Joke

Too Little Too Late

LA Five Four (309)

Wrong Side of Life

Colour of the Trap

Rearrange

Cry on My Guitar

Can You See Me Now

Coup de Grace

Don’t Forget Who You Are

Come Closer


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