Une grosse bouffée de rock à La Messe de Minuit

Retour sur l’événement de cette rentrée sur les terres lyonnaises, plus que bien remuées pour l’occasion.

L’annonce de l’arrivée de ce tout nouveau festival avait fait l’effet d’une petite bombe pour les passionnés de rock à Lyon, quitte à en faire bien des jaloux en dehors du Rhône. Ce projet est le fruit du groupe des Last Train, désormais lyonnais, qui ont en parallèle de leur carrière fondé Cold Fame, agence de production de spectacles. Au programme on retrouve des groupes anglais, mais également américains et bien sûr français (tant qu’à faire, on vous raconte tout hein). Trois soirées dans trois lieux qui ont bien l’habitude des décibels nous étaient proposées.

Jeudi 19 – Attendu et si maîtrisé

Les hostilités s’ouvrent à L’Épicerie Moderne, à Feyzin. La salle a accueilli les Last Train en résidence quelques jours afin de peaufiner leurs nouveaux titres sur scène. En effet, leur second album, The Big Picture, est arrivé dans les bacs le 13 septembre. Première date depuis cette grande sortie rock de la rentrée, le groupe était donc plus qu’attendu.

L’ouverture est donnée aux Night Beats. On dit parfois que les têtes d’affiche choisissent des groupes débutants et/ou dans un registre qui ne conviendrait au public venu afin de s’octroyer une zone de confort pour leur set. Force est de constater que ce n’est pas du tout le cas ici. Le choix est idéal pour débuter la soirée, collant parfaitement à l’identité du festival. Et puis un groupe américain qui ouvre pour un groupe français, c’est peu fréquent ! Avec leurs chapeaux, ils nous font plonger dans un univers à la Django plus qu’addictif et rôdé qui nous met bien en jambes pour la suite.

Arrive alors le groupe tant attendu : les Last Train. Les quatre rockeurs avaient bien hâte de partager une version live de leur nouvel effort, avec tous les risques que cela comporte de jouer pour la première fois tant de nouveaux morceaux en une soirée. 13 chansons au total seront proposées, ce qui à première vue parait convenable. Mais il suffit d’un peu analyser le travail du groupe pour voir que rares sont les morceaux de moins de 5 minutes, pouvant même dépasser les 10. Car oui, ce soir-là ce fut 1h30 de concert, ce qui avec deux albums au compteur est plus qu’honorable aujourd’hui.

Autant dire que la petite résidence à Feyzin a plus que porté ses fruits. Les nouveaux titres sont terriblement maîtrisés, et les anciens pour rappeler des souvenirs aux fans sont joués avec une facilité déconcertante. La scène qui paraissait pourtant assez classique va plus que surprendre avec des jeux de lumière millimétrés si rares de nos jours, donnant une toute autre dimension au concert. On s’est plus que régalé en cette ouverture, en espérant recroiser ce groupe si prometteur sur les routes, pourquoi pas de nouveaux avec nos artistes britanniques préférés comme ce fut le cas avec Franz Ferdinand en août dernier.

Vendredi 20 – Intimiste et explosif

Second soir, cette fois-ci au Périscope, situé sur la presqu’île lyonnaise. On attaque d’entrée avec Structures, groupe français dont on entend de plus en plus parler dans l’hexagone. Le titre Arabian Knights Club marqua le point culminant d’un set idéal pour commencer la soirée.

Mais les plus attendus du soir se nomment Bad Nerves. Voilà déjà quelques temps que nous suivons ce groupe que l’on ne cesse de qualifier de prometteur. Nous leur avions notamment consacré une découverte du dimanche en janvier 2017. Ils ont, en 2018, défrayé la chronique avec leur dernier passage à Lyon dans le cadre des Nuits Sonores, pourtant orientées électro. Et ce vendredi soir, les londoniens ont démontré qu’ils ont bien grandi.

Dans une salle sombre et surchauffée, pleine à craquer, les deux petits ventilateurs n’auront rien pu faire. Une véritable tornade garage punk va s’abattre, qu’importe que la scène soit petite. Le public répond présent dès les premières chansons, ne cessant de faire monter la température. Un chanteur qui fait vaguement penser à Julian Casablancas emmène le groupe dans une maîtrise plus qu’intéressante. Nombreux sont les spectateurs étonnés de la qualité du groupe, qui ne semblaient pas s’attendre à une aussi bonne prestation. Petit bémol : le set sembla un peu court, même si composé de nombreuses chansons.

Samedi 21 – Final grandiose

Troisième jour et pas des moindres, puisque deux groupes britanniques que l’on adore ont répondu à l’appel de La Messe de Minuit. Mais avant, la soirée s’ouvre tranquillement avec les français de Bandit Bandit, puis férocement avec le tremblement de terre Lysistrata. Le trio du sud-ouest fait trembler les amplis pour notre plus grand plaisir, étonnant par un vacarme plus qu’ordonné par une batterie calibrée.

On poursuit cette belle et longue soirée (de 20h à 2h !) avec les YAK. Après les avoir interviewés en fin d’après-midi (ça arrive !), quel plaisir de les retrouver sur scène. On est tout de même déçu de les voir sur la petite scène… Mais qu’importe. Après un début de set victime de problèmes techniques et peu entraînant, la machine se met finalement vite en marche pour nous offrir un final de folie. Les fans sont venus en masse, hurlant les paroles qui masqueraient presque la voix de Oliver Henri Burlsem. Ce dernier ira même jusqu’à faire chanter dans son micro les premiers rangs sur Fried. Bien que Bellyache semble mieux en studio, Words Fail Me était d’une force sans nom. Et que dire que Blinded By The Lies, qui nous fit perdre la tête en fin de set (qui, évidemment, a dépassé son horaire).

Comme on dit, une pause s’impose. Sauf que non. En effet, on enchaîne directement avec la Fat White Family, et sa disposition de scène reflétant l’image d’un groupe qui veut se donner pour son public. Bien que les débuts aient quelque peu surpris les festivaliers non-avertis (un peu comme nous en interview, qui arrive aussi !), la mayonnaise va finalement vite prendre. Les tubes des six anglais vont vite transformer la salle tantôt en dancefloor tantôt en champ de petits pogos. Pour notre plus grand plaisir, Serfs Up!, dernier album du groupe, prend une place importante dans la setlist. Lias Kaci Saoudi se démarquera comme toujours en allant se chamailler dans la fosse, mais également avec une belle glissade sponsorisée par la bière. En bref, un bien gros bordel comme d’habitude, et si on se concentre sur la musique une originalité idéalement gérée.

On s’offre alors le temps de respirer avant une clôture idéale menée par les Psychotic Monks, finalement à l’image de cette première édition de La Messe de Minuit. Une première fois plus que réussie, un pari de laisser de côté la musique assistée par ordinateur le temps de trois soirs qui fait mouche. Entre découvertes, confirmations et têtes d’affiche, cette programmation rock a trouvé son public, ce dernier répondant toujours présent encore aujourd’hui. Le goût du risque, propre au rock, a été idéalement mis à l’honneur. Des concerts qui ne seront jamais reproduits à l’identique, des aléas qui peuvent déséquilibrer un set, le contrat est rempli. Elle est facile mais.. la messe est dite.

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