03 Mai Pourquoi sommes-nous déçus des nouveaux albums de nos artistes favoris ?

Pour chaque jour de cette dernière semaine de confinement, un “pourquoi” est posé.

Cinquième question de cette semaine, et non des moindres. Depuis quelques temps déjà, il semblerait y avoir comme une impression selon laquelle les nouveaux albums des groupes et artistes ne sont pas à la hauteur de nos attentes. Après avoir partagé ce sentiment avec d’autres passionnés de musique, deux explications sont ressorties de nos discussions. La première est que l’on est comme perturbé par le changement d’identité de la musique de l’artiste, la seconde que le niveau baisse bel et bien du fait de la nécessité de produire vite les albums de nos jours.

Le changement de l’identité première de l’artiste

On a tous en têtes des artistes favoris, et des souvenirs quant aux premières écoutes de leurs premières chansons. On s’attache alors à ces nouvelles musiques, on s’intéresse plus à l’histoire du groupe, et on n’a qu’une hâte : le prochain album. Oui mais voilà : nombreux sont les exemples où nous fûmes surpris des nouvelles productions, tant elles divergent des premiers morceaux. On est alors comme déboussolés, on se force à écouter mais parfois rien n’y fait : notre vision de base est troublée.

Ici, on peut par exemple penser à Coldplay ou Muse. Au fil des albums, ces deux groupes qui aujourd’hui remplissent des stades ont modifié leur identité, allant au contact de nouveaux genres bien différents des débuts. Cela a entraîné des déceptions : le public de base se reconnait moins dans les productions, a contrario d’un autre public qui commence à s’intéresser à l’artiste. Bien que certains ont su apprécier l’ensemble des albums, beaucoup regrettent aujourd’hui une « belle époque ».

Un cycle incessant et conséquent sur les productions

On le sait aujourd’hui, les disques se vendent moins bien qu’avant. Malgré le retour en force du vinyle, les artistes pouvant vivre uniquement des royalties sans tourner sont rares : on pense ici à Frank Ocean, ou encore Kanye West. En effet, les artistes se doivent, après la sortie de leur album, de proposer une tournée monstrueuse. Les fans sont aujourd’hui de plus en plus nombreux, les contraintes des concerts de plus en plus délicates : il est indispensable de faire le plus de dates possibles.

Ce faisant, une fois la tournée terminée, il faut passer à la suite, et donc à un autre album. Mais les artistes ne doivent pas trop traîner, pour ne pas être oubliés. Sujet peu évoqué, nous prendrons tout de même le témoignage d’un certain David Guetta sur Konbini. Le DJ français avait un jour évoqué à son grand ami will.i.am. qu’il était « crevé », proposant l’idée d’une année sabbatique. Le membre des Black Eyed Peas lui répondit alors « si tu arrêtes pendant un an, t’es mort ».  

Pour illustrer, prenons l’exemple de Jain. L’histoire de la toulousaine a pourtant bien commencé : un premier album exceptionnel, suivi d’une tournée impressionnante. Mais à peine sa tournée terminée (26 août 2017, à Rock en Seine), voici que moins d’un an après (24 août 2018) la française a déjà un nouvel album dans les bacs. Le processus d’écriture de l’album a sûrement débuté durant cette première tournée certes, mais difficile en si peu de temps d’offrir un album aussi bon que le premier…

Proposer aujourd’hui une réponse universelle à cette question est très délicat, cette dernière n’étant peut-être même pas légitime tant les contre-exemples sont nombreux. Si l’on pense à Foals, Metronomy, ou encore Gorillaz, leurs derniers albums nous ont démontrés qu’il existe encore aujourd’hui bien des groupes et artistes qui se surpassent. Sont proposées aux fans des productions qui ont pris le temps d’être faites, sans changement de l’identité première, ou bien symbole d’un renouveau.

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