18 Août Sous le soleil normand de Beauregard
Du 6 au 10 juillet dernier se tenait le festival de Beauregard au château d’Hérouville-Saint-Clair, à quelques kilomètres de Caen. Muse, Skunk Anansie, Turnstile, Clara Luciani ou encore Liam Gallagher, les artistes se sont succédés pour ravir le public… Enfin presque. Retour sur cette édition 2022.
A dix minutes de Caen, en Normandie, se tient le festival Beauregard. Créé en 2009, celui-ci a réussi à se faire un nom grâce à une programmation qualitative mais toujours éclectique. Cette année, après deux ans annulés pour cause de Covid, John (le surnom du festival) a vu les choses en grand : cette année, le festival ne dure pas quatre jours comme à son habitude mais cinq. Et le premier soir, ce n’est rien d’autre que Muse qui ouvre le bal. Qu’on aime ou qu’on déteste, on peut au moins s’accorder sur le fait que c’est une tête d’affiche qui envoie, et un groupe qui fait le show. Par ici pour plus de détails !
Le premier soir officiel du festival, les nombreux festivaliers arrivent alors que les 24 degrés normands donnent l’impression d’un bon 30 degrés parisiens. Ce soir, la programmation UK n’est pas très étoffée mais d’autres légendes britanniques partagent l’affiche avec Clara Luciani et DJ Snake : les anglais de Madness et leur ska endiablé.
Madness, politiquement incorrects
Livrant un show avec une mise en scène digne des plus grands, toutes les générations se rassemblent devant la scène Beauregard, qu’il s’agisse de leur tube planétaire Our House ou d’autres moins connus des plus jeunes, difficile de ne pas bouger le pied face à tant d’énergie. La veille, Boris Johnson a annoncé sa démission prochaine de son poste de chef des Tories, suivi de sa démission du 10 Downing Street et de son poste de premier ministre britannique — pour le plus grand bonheur de nos artistes préférés outre-Manche. Le chanteur en profite alors pour le tacler au passage, annonçant la mort de Boris Johnson avant de dire « What a shame ! A horrible man goodbye Boris Johnson thank you« . Habillés en flics pour les insulter le temps d’une chanson, mentionner Johnny Depp — aïe, boomer spotted — ou encore jouer le début de La Marseillaise après House of Fun, le groupe de ska anglais fait dans la provocation, pour le plus grand bonheur du public caennais, toutes générations confondues.
Frank Carter & The Rattlesnakes
Pour entamer cette seconde soirée de festival, Frank Carter et ses Rattlesnakes viennent mettre le feu au public caennais, sous un soleil de plomb. Très communicatifs, Frank Carter et ses musiciens n’hésitent pas à communiquer avec le public, se jeter dans la foule ou encore chanter en plein milieu du pogo. Il appellera même sa fille en FaceTime, afin de montrer l’ambiance du festival et son succès auprès du public. Et puisqu’il sait son public parfois violent lors des pogos, et surtout très masculin, il créé, le temps d’une chanson, un pogo uniquement féminin. Et pour être sûr que ses fans en profitent au maximum, il s’assure qu’aucun « homme, personne qui a une b*te ou qui se considère comme un homme » ne vienne déranger les femmes, qui gèrent de leur côté leur propre sécurité. Evidemment, une fois la chanson, terminée, le pogo redevient majoritairement masculin, mais tout le monde a pu profiter.
Liam Gallagher, tête à claques d’affiche
A 23h40, Liam Gallagher doit monter sur scène et, ce n’est pas avec son éternel sourire que le mancunien débarque. Il recommence son entrée sur scène, certainement car le public ne l’a pas assez acclamé, on ne saura jamais. Le britannique entame son concert par Hello, mais il semble plutôt vouloir nous dire « Good bye« . Le temps de six chansons et demi, le public peut apprécier le semblant de show : il recommence plusieurs chansons sans que l’on ne sache pourquoi, demande plusieurs fois à changer de micro et insulte le technicien si celui-ci n’arrive pas assez vite à son goût, c’est très certainement un soir sans pour la star anglaise.
Après avoir enchaîné Wall of Glass, Better Days puis C’Mon You Know — succès solo et dernier single de l’artiste –, celui-ci commence Stand By Me, l’une des chansons les plus connues d’Oasis. Et là, c’est le drame. Alors que le public semblait moins connaître les chansons solo de Liam, tout le monde connaît les paroles de Stand By Me, ce qui n’a pas l’air de ravir le chanteur, qui réclamait pourtant plus d’ambiance. Après à peine un couplet du groupe, il prétexte un dernier problème de micro et quitte la scène énervé, ordonnant à ses musiciens de le suivre. Alors que tout le monde met du temps à réaliser ce qu’il vient de se passer, Liam Gallagher est déjà remonté en voiture, avant même que le public ne se mette à le huer. Officiellement, on lui diagnostiquera une laryngite le lendemain. Officieusement, on ne saura jamais vraiment…
Jungle sauve la soirée
Alors que la panique envahit le festival et surtout les organisateurs après la sortie de scène de Liam Gallagher, Jungle est censé prendre la suite. Le groupe doit officiellement commencer plus tôt pour tenter de sauver la mise, mais ne commencera que quelques minutes en avance finalement. En arrivant sur scène, ils commencent par tacler Liam Gallagher, avertissant le public qu’ils ont bien l’intention de rester l’intégralité de leur set. Ils s’adressent au public en français, se donnent à fond et partagent leur bonne humeur et leurs sons ensoleillés : bye Liam Gallagher, merci Jungle !
Goat Girl, la découverte du samedi
Pour débuter la journée du samedi, Goat Girl dévoilent leur post-punk et jouent leurs sons devant un public venu tôt dans le festival. Aux premiers rangs, on pourrait penser que le public, conquis, est là pour attendre Sleaford Mods, Juliette Armanet ou encore Metronomy. Mais non, tout le monde est bien là pour découvrir Goat Girl. Et, bien qu’elles aient encore l’air un peu timides sur scène, elles assurent ce début d’après-midi pour les quelques chanceux qui ont décidé de venir tôt sur le site du festival.
Skunk Anansie, reine du punk
A l’image de Frank Carter la veille, Skunk Anansie met le feu au festival Beauregard, à grands renforts de pogos et messages politiques. Devant un public particulièrement jeune, surtout devant la scène pour attendre le rappeur caennais Orelsan, elle s’émerveille de la jeunesse de ce public si réceptif, affirmant jouer habituellement devant » des personnes de moins de 50 ans« . Habillée d’une combinaison en latex, elle descend dans le pogo pour chanter avant de remonter sur scène. Sur la batterie, on peut lire « Bye Boris » au scotch rose fluo. Elle profite également de la jeunesse de son public pour faire passer un message politique : peu de temps après la révocation du droit à l’avortement aux États-Unis, elle encourage la jeunesse européenne et notamment les femmes à agir maintenant, car « c’est maintenant qu’il faut faire quelque chose, après il sera trop tard« , avant de faire scander « My Body, My Choice » au public, aussi bien masculin que féminin.
Metronomy, nostalgie et lettres d’amour
Pour ce dernier groupe britannique du week-end, Metronomy se produit juste avant Orelsan, à grands coups de tubes électro-rock et de chansons joyeuses. S’adressant au public aussi bien en anglais qu’en français, le groupe partage sa bonne humeur. Blagues sur la sortie de scène de Liam Gallagher, improvisations ou encore histoires inspirées de leurs chansons, le groupe réussit à conquérir le coeur de toutes les générations présentes et ferme dignement le volet britannique du festival. Comme toujours, merci Metronomy !
Ce week-end, ce sont environ 26 000 personnes qui se sont réunies au Festival Beauregard pour découvrir de nouveaux artistes 147 000 au total. Pour les organisateurs, ils n’ont jamais programmé autant d’artistes rock mais voient à quel point le public était réceptif à ces artistes, comme avec Frank Carter, très connu au Royaume-Uni mais beaucoup moins en France, qui reste pourtant l’un des meilleurs concert du vendredi. Pour le festival, c’est un record de fréquentation mais également de vente, notamment grâce à la venue de Muse, Orelsan, Sum 41 ou encore Liam Gallagher (Humm). On espère que les prochaines éditions feront autant de place au rock britannique !
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