Simple Minds – Direction of the Heart

Quatre ans après Walk Between Worlds, Simple Minds offre à son public de longue date une bouffée d’air frais écrite au coeur d’une pandémie mondiale.

Direction of the Heart. Un cri du coeur poussé au beau milieu d’une pandémie qui divise, telle est la direction que Simple Minds a voulu prendre, comme nous l’a expliqué le chanteur-compositeur Jim Kerr lors d’un entretien à retrouver ici. Selon le membre originel, la meilleure chose à faire était de retourner à leur principe de base, la musique, qui elle restera lorsque tout ce chaos sera passé.

Dès la première écoute, l’ADN de Simple Minds transparait dans ce nouvel opus qui prend aussi quelques libertés à explorer de nouveaux horizons. Le groupe peut donc se targuer d’avoir réussi cette association.

L’album ouvre sur Vision Thing, écrite par Jim Kerr après que son père fut tombé sérieusement malade. Celui-ci dit à son fils de ne pas laisser cette situation le dominer et de retourner composer. Kerr s’était donc exécuté. On se retrouve ainsi à vouloir danser sur des paroles guère pimpantes ; une disparité recherchée par le groupe, qui n’est pas le premier à procéder ainsi. On peut penser à Sign ‘O’ the Times de Prince (mentionnée par Kerr), ainsi que UGH! de The 1975 qui traite de l’addiction à la cocaïne du chanteur.

Mieux qu’un clip, le groupe nous propose la version studio de son titre phare (et préféré selon Kerr lui-même), avec en guise de visuel un live au pittoresque Théâtre de Taormine, en Sicile, où le leader vit.

Simple Minds - Vision Thing (Live from Teatro Antico di Taormina)

À l’instar de First You Jump, Who Killed Truth? est sûrement une des meilleures chansons de l’album, du Simple Minds à l’ancienne, particulièrement le premier couplet qui donne envie de prendre un ticket sans retour pour les années 1980. Au lendemain du Brexit et de la pandémie, qui a tué la vérité ? On peut se poser la question.

Who Killed Truth?

Au milieu du disque, la chanson Solstice Kiss marque une pause dans le rythme de l’album et pourrait se placer dans la lignée du titre culte de 1989 : Belfast Child. Le titre a été écrit pour un court-métrage destiné aux Whisky McCallum. Ce n’est pas la première fois que le groupe écrit pour un film puisqu’on rappelle que Don’t You (Forget About Me) avait été composé pour le film américain The Breakfast Club de John Hughes. L’ouverture de Solstice Kiss fait écho à des sonorités celtiques qui renvoient à l’Écosse natale de Jim Kerr et Charlie Burchill, autre membre originel et guitariste de la formation. À écouter sur la route du Loch Lomond après un saut dans les Highlands.

On peut se poser la question suivante: écrire en Sicile et non au Royaume-Uni a-t-il un eu un impact créatif sur la composition de l’album ? Selon le leader, ce n’est pas le lieu de composition mais la dynamique dans laquelle on se trouve qui compte. Ils ont écrit dans des endroits on ne peut plus glauques et pourtant, Don’t You (Forget About Me) en est sorti. Le côté celtique de Solstice Kiss est né en Sicile. Peut-être qu’un manque de ses racines a provoqué cette apparition ?

Adressons une mention spéciale pour Cherisse Osei, la batteuse du groupe depuis 2016 qui a remplacé Mel Gaynor. On peut se rendre compte de ses talents tout au long de l’album et notamment sur le titre Planet Zero.

Un léger bémol à relever serait la pochette de l’album qui contraste avec la modernité de celui-ci. On aurait peut-être davantage apprécié un visuel évocateur d’autre chose que de la pandémie, même si le disque en est indélébilement marqué. Cela aurait fait justice au caractère innovant qui est un des maîtres-mots du projet.

Finalement, après une vingtaine d’albums, Direction of the Heart sonne comme un hommage à leur grande carrière sans jamais pour autant cesser de se réinventer avec des arrangements plus actuels. Simple Minds, c’est ce groupe qu’on pensait appartenir au passé et qui revient toquer à notre porte pour nous rappeler qu’ils étaient là avant nous et le seront après.

TRACKLIST :

Vision Thing

First You Jump

Human Traffic

Who Killed Truth?

Solstice Kiss

Act of Love

Natural

Planet Zero

The Walls Came Down

La note de la rédactrice : 8/10

Ses morceaux favoris : Vision Thing, Who Killed Truth?, Solstice Kiss

Les autres notes :
Fabien : 6,5/10. Un très bon début a contrario du reste.

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