Humble et sincère, alt-J inaugure comme il se doit sa tournée au 106

Le trio anglais alt-J a offert au public français le premier concert de la tournée Relaxer, en honneur du troisième opus fraîchement sorti. Maîtrise, joie et nouveautés. 

alt-j a opté pour une mise en scène simple et épurée pour le premier concert de la tournée « Relaxer »

Il était difficile d’y croire. alt-J, en concert au 106 à Rouen, pour tirer le coup d’envoi de sa nouvelle tournée ? Il semblerait bien. C’est à l’occasion de la sortie de son troisième album mi figue mi raisin (que nous avons écouté, lire notre critique ici), joliment intitulé Relaxer, que le groupe anglais originaire des terres de Leeds s’est déplacé en France pour proposer un set tout chaud…tout beau ! Il est 21h45, les lumières s’éteignent. Les pupilles du public, en revanche, s’illuminent de joie. Certains attendaient ça depuis bien trop longtemps. Voilà l’avantage de la notoriété d’alt-J en France : des salles de petites envergures pour des concerts intimistes. Le groupe entre sagement. Les instrument sont déjà là, simplement posés sur la scène dénuée d’écrans et de néons. Sans pudeur.

Les pincements de cordes si particuliers de l’ouverture de Relaxer, 3WW, sonnent dans le 106. « There was a wayward lad, stepped out one morning« . Chacun son langage, le public entre ainsi dans une transe ; partenaire qu’il peinera à quitter tout du long du set. Pendant 1h20 environ, alt-J aura rendu un fier hommage à ces deux premiers albums (An Awesome Wave en 2013, This Is All Yours en 2015), mais le groupe n’aura évidemment pas oublié le petit dernier. De là, soyons rassurés : alt-J semble avoir durement travaillé les nouveaux morceaux. Si bien qu’ils s’immiscent tous parfaitement au sein d’une setlist déjà très riche (on aimerait tout avoir). Something Good, l’interlude mythique Ripe & Ruin, Tessellate… d’entrée, la formation gâte son public de ses plus grands classiques. Retour vers le futur : le nouveau titre Deadcrush fait irruption. Faisant figure d’électron libre, difficile de pouvoir classer ce morceau, si ce n’est un habile mélange des nouvelles sonorités d’alt-J (l’électro en prime) avec un song writing toujours digne du front man Joe Newman. Très en forme, le trio convainc totalement. Les basses, prédominantes, ont rarement autant fait trembler le sol et nos coeurs. Passée la magnifique et incontournable Nara, chantée en choeurs, le groupe propose un franc moment de rock avec le single In Cold Blood. Certainement, le flambeau se passe dignement entre chaque tableaux.

Dissolve Me, The Gospel of John Hurt, Bloodflood, Every Other Freckle… on ne pouvait guère rêver mieux. Tous souriants, parfois émus de l’engouement, les trois compères s’accordent quelques petites pauses pour remercier son public. On aurait aimé, c’est vrai, un joli cadeau comme Bloodflood Part II ou Hunger Of The Pine, mais la setlist semble si bien rodée que la faute de goût n’est jamais acide. Par chance, nous avons droit à Matilda x2, après que Newman se soit trompé lors du deuxième couplet. « Nous sommes désolés, c’est le début de la tournée » murmure timidement Gus Unger-Hamilton, le grand manitou du clavier (qui gère également les samples et les choeurs). Le public s’exclame alors d’encouragement, jusqu’à reprendre une nouvelle fois (et sans broncher une seconde) les paroles de Matilda. Admirable, alt-J continu de sillonner sa discographie. Hit Me Like That Snare profite de sa dimension live pour véritablement briller tandis que Taro et Breezeblocks nous submergent de leur immensité.

« How green was my valley ? » détone au 106. Pleader, moment sidérant de beauté, tire fictivement le rideau. Partir pour mieux revenir : après Intro, qui caresse le moment de l’épilogue, alt-J termine son incroyable concert avec Left Hand Free et Fitzpleasure. Imprimé dans la mémoire comme un instant suspendu dans le temps, le grand final ne pouvait que nous donner l’eau à la bouche pour la suite. Et c’est très bientôt, au Lollapalooza Paris en plein coeur de Longchamp, que cette communion pourra reprendre du service.


Setlist – alt-J @Le106 

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