31 Déc Le meilleur de la décennie 2010
Comme chaque fin d’année amène son lot de bilans en tous genres, quoi de mieux que de procéder à un condensé du meilleur qu’ont pu offrir les sphères rock, indé et pop britanniques?
Mais puisque les dernières heures de 2019 ne sonnent pas seulement la fin d’une année mais bel et bien la fin d’une décennie, voici en conséquence un petit bilan des coups de cœur parus ces dix dernières années concocté par l’équipe de rédacteurs de Sound of Brit!
Si l’exercice ne fut pas simple quant à l’idée de ne sélectionner qu’un seul opus, la liste ci-dessous propose un kaléidoscope relativement varié en termes de styles… Le tout est , bien évidemment, ultra subjectif et on attend vos ajouts en commentaires!
Adélaïde : Arctic Monkeys – AM (2013)
Si ces chers Arctic Monkeys ont délivré pas moins de 3 albums au cours de cette décennie (tous plus savoureux les uns que les autres au demeurant), c’est bien AM qui semble avoir le plus explosé. Des mélodies enivrantes, des riffs heavy et une collaboration avec le roi Josh Homme réunis dans un opus crépusculaire et voluptueux. C’est également l’album de leur plus grande tournée mondiale, de l’entrée sur scène sur Do I Wanna Know? a vous refiler la chair de poule et de la banane d’Alex Turner. On n’est pas prêts non plus d’oublier leur concert ahurissant au Zénith de Paris donné dans le cadre de la tournée accompagnant l’album, ni leur tête d’affiche au mythique Glastonbury en 2013…
Brian : Ben Howard – Every Kingdom (2011)
Il aurait pu être un énième auteur interprète muni d’une guitare à fouler les planches britanniques, mais il n’en sera rien. Et pour cause, Every Kingdom, premier album de Ben Howard, aura défrayé la chronique en utilisant l’héritage de ses deux inspirations, John Martyn et John Smith, pour créer une atmosphère qui lui est propre. Sentant les embruns si caractéristiques de son Devon natal, qu’il mettra notamment en scène dans le clip du single Old Pine, la musique de Ben Howard pousse forcément à la contemplation et au voyage. En 2013, Ben Howard survole les Brit Awards en remportant le prix de l’artiste masculin de l’année ainsi que celui de révélation de l’année pour ce même album. Prônant davantage l’attente que la précipitation, Ben Howard ne donnera une suite à Every Kingdom qu’en 2014 avant de rejoindre le temps d’un album le groupe A Blaze of Feather, mené par son ami Mickey Smith.
Fabien : alt-J – An Awesome Wave (2012)
Mon préféré de cette décennie, et même de tous les temps… Une pochette très recherchée représentant le delta du Gange, une critique unanime, des pépites entrecoupées d’interludes sublimes : les arguments sont nombreux. On dit que le premier album est souvent le plus réussi, autant dire que alt-J n’a pas dérogé à la règle. Enregistré à Londres, An Awesome Wave fut le véritable tremplin du groupe de Leeds. On retient les tubes Matilda, Something Good, Fitzpleasure… et bien évidemment le magnifique Breezeblocks, hélas toujours d’actualité aujourd’hui.
Diane : Tom Odell – Long Way Down (2013)
Les meilleurs albums sont aussi ceux qui semblent simples – un piano, un backing band et quelques chœurs – alors qu’ils cachent un travail spectaculaire. C’est le cas du premier album de Tom Odell. Celui qui nous expose pour la première fois au talent du jeune pianiste virtuose à la voix si touchante. Alternant entre chansons calmes et pleines de puissance, l’album ne nous laisse jamais dans l’indifférence. L’album est mixé à la perfection, laissant la voix d’Odell s’exprimer et être sublimée les instruments et les choeurs. A seulement 23 ans Tom Odell a su marquer les esprits avec son premier album.
Clémence : Hozier – Wasteland, Baby! (2019)
Des albums, au cours de cette décennie, on en a écouté en grand nombre. Des albums d’Hozier, pas tellement… En effet, après la sortie de son (excellent) 1er album en 2014, l’irlandais a été silencieux pendant 5 longues années. Mais cette douloureuse attente en a valu la peine: avec Wasteland, Baby!, Hozier a frappé à nouveau un grand coup qui a fait trembler les murs et tout renversé sur son passage. Un projet post-apocalyptique avec toutefois un étrange goût de renouveau, la promesse d’un amour abondant et éternel face à un monde en ruines et essoufflé, une production riche et plus qu’envoûtante, des morceaux portés avec puissance par sa voix si particulière, le tout servi sur un plateau d’argent : Wasteland, Baby! est une claque pour laquelle tout le monde tend volontiers l’autre joue. Si c’est ce qui nous attend de l’autre côté, alors la fin de notre ère sera accueillie à bras ouverts (mais sauvons la planète quand même).
Estelle : As It Is – The Great Depression (2018)
Cet album marque un moment décisif dans la carrière du groupe, un changement de ton osé qui mérite clairement une place dans mon top 3 des albums de la décennie. C’est un changement vestimentaire et capillaire pour Patty, le chanteur du groupe, qui a teasé l’album. Il est passé d’un blond californien a un noir corbeau pour montrer que ce qui allait sortir allait être plus sombre et plus osé que leurs anciens opus. L’album est plus mature, plus personnel et traite de sujets sensibles qui résonnent pour beaucoup de monde. Ils l’ont également totalement ré-imaginé en sortant un album au nom de The Great Depression : Reimagined, sur lequel chaque chanson a été remixée avec un genre totalement différent. Du vieux rock, une ballade des années 20, de l’acoustique, un hit des années 80, et j’en passe. Ils osent, ils n’ont pas peur d’expérimenter, c’est ce que j’aime chez eux !
Jessica : David Bowie – Black Star (2015)
Pour moi, s’il ne fallait retenir qu’un seul album sorti ces 10 dernières années, ça serait sans aucune hésitation Black Star de David Bowie. Totalement fascinée par le single et le magnifique clip de Black Star, je me souviens avoir attendu la sortie de cet album avec impatience. Une fois de plus, Bowie a su nous emmener dans son univers. Un album sombre et intriguant, tinté de sonorités jazz revisitées à sa manière. Le single Lazarus est pour moi le titre qui m’a le plus marquée. Des paroles intrigantes, très sombres … comme quelqu’un qui fait le bilan de sa vie. Une intuition qui se confirmera 2 jours plus tard à peine lorsque le monde découvrit la mort de cet artiste qui restera à jamais une des personnalités les plus inspirantes du siècle dernier.
Julie : Adele – 21 (2011)
Comment faire plus cliché ? Et pourtant, Adele a marqué TOUS les esprits avec cet album. Nous sommes tous capables de chanter ou fredonner un titre de cet album qui est pourtant sorti il y a 9 ans… Surtout tous ceux ayant subi une rupture amoureuse ! Adele n’a pas remporté tous les prix par hasard, et cet album reste une pépite dans son style soul. Le talent et la voix, deux ingrédients qu’on retrouve à la perfection sur cet album. Ainsi, Rolling In The Deep, Turning Tables et surtout Someone Like You sont devenus de véritables hymnes intemporels.
Hugo : Foals – Total Life Forever (2010)
Choix cornélien évidemment. Foals aura cependant marqué cette décennie de son talent. Que ce soit en studio ou sur scène le quintet d’Oxford s’est imposé comme l’un des groupes de rock les plus rugissants de sa génération. En témoigne une année 2019 complètement folle pour le groupe. Malgré cela, on retiendra particulièrement le bijou qu’est Total Life Forever. Un album aux sonorités variées et dont on garde encore quelques tubes à l’image de l’incroyable Spanish Sahara. Un album de très grande classe, tout comme ses créateurs.
Claire : Two Door Cinema Club – Tourist History (2010)
Difficile -certains diront même de la torture- choix que de ne désigner qu’un seul album sur la décennie entière. C’est finalement la première création studio de Two Door Cinema Club qui a emporté ma décision finale. Un sens du rythme et de la mélodie irrésistible, un mariage parfaitement réussi entre guitares et électro et de nombreux tubes -toujours acclamés en concert en 2019- avaient fait de Tourist History, à l’époque, la confirmation que le groupe nord-irlandais allait devenir grand. Et si les dix années suivantes n’ont pas été aussi évidentes qu’on pouvait l’espérer pour TDCC, c’est donc aussi par nostalgie qu’on remet en avant cet album qui nous a accompagné depuis sa sortie.
Solly : Liam Gallagher – As You Were (2017)
La première décennie des années 2000 s’est terminée avec la brutale dissolution du groupe des frères Gallagher à Rock en Seine. Et s’il n’a pas fallu attendre très longtemps pour retrouver Liam sur scène avec Beady Eye, ce nouveau groupe composé des ex-membres d’Oasis – sans Noel – n’a pas réussi, malgré deux albums (sortis en 2011 et 2013), à convaincre la critique ou le public. En 2014, Beady Eye n’est déjà plus et le cadet des frères Gallagher décide de se faire plus discret. Grand bien lui en a pris puisque durant les 3 années qui ont suivies, il a eu tout le loisir de préparer son retour, sous son propre nom cette fois-ci, entouré d’une « armée de paroliers » – comme n’a pas manqué de le faire remarquer un Noel Gallagher probablement agacé du succès de son cadet. Car avec As You Were, l’enfant terrible du rock anglais a prouvé qu’il n’avait rien perdu de sa verve et de son esprit de « rock’n’roll star « grâce à des titres efficaces comme Wall of Glass ou You Better Run. Numéro 1 des ventes dès sa sortie, le 6 octobre 2017, As You Were a permis à son interprète de retrouver les stades qui lui manquaient tant ainsi que son armée de « parka monkeys », mais aussi d’inspirer une nouvelle génération de fans, ravis de pouvoir entendre, à leur tour, les plus grands titres d’Oasis en live.
Tom : Slowdive – Slowdive (2017)
Un album éponyme qui signe le retour de Slowdive, groupe emblématique de la shoegazing britannique. Le groupe décide de se réformer en 2014 pour une tournée estivale et un potentiel nouvel album, 18 mois plus tard, le 4e album du groupe sortira le 5 mai 2017, un 4e album qui vient cristalliser toutes les qualités mélodiques et harmoniques de ce groupe oscillant entre atmosphères lumineuses et sonorités expérimentales : une dream pop des années 90 remise au goût du jour.
Cécile : The Last Shadow Puppets – Everything You’ve Come To Expect (2016)
Quand Adélaide a proposé cet article à la rédac, il m’a fallu moins d’une demi-seconde pour savoir que c’est AM d’Arctic Monkeys qui aura selon moi défini le son de la décennie. Il y a bien des marqueurs qui peuvent le prouver, mais le fait seul qu’on ait été plusieurs à vouloir le citer me semble un bon début. Il aura fallu donc me creuser davantage la tête et les souvenirs pour trouver (croyez moi, la rédaction de SOB y a laissé quelques cheveux!) pour trouver le seul album que j’emporterai dans la décennie suivante si je devais laisser aux année 2010 tous les autres. Finalement, je n’ai pas su faire l’impasse sur le génie créatif d’Alex Turner : il faut dire que son don pour le bon mot qui touche l’émotion juste, sans en donner l’air, fonctionne aussi bien chez les Monkeys que chez les Puppets. Everything You’ve Come To Expect est le deuxième album du side-project de Turner et de Kane, les Last Shadow Puppets. C’est une collection d’arrangements léchés qui révèlent des guitares affirmées et des violons rebelles, venant déstabiliser le son plus lisse et soyeux de leur premier opus sorti la décennie précédente. Les side-projects sont souvent moins « sérieux » et moins travaillés dans la recherche expérimentale du son, mais cet album (et ce groupe, disons les choses franchement) fait aisément exception à la règle. Everything You’ve Come To Expect, c’est des constructions complexes, qui font la prouesse de rester fluides et entêtantes. C’est du rock qui se veut 1970 sans toutefois tomber dans le pale mimétisme des plus grands noms du glam rock. C’est un enchaînement de pépites qui tiendraient individuellement chacune la BO d’un bon film. C’est le mélange de ces grains de voix dont la complicité transperce le micro (et qui se révèle en particulier sur les prestations live). Bref, c’est un album de charme et de talent qui a su se distinguer du son britannique des années 2010, et c’est everything you would come to expect de la part des Puppets!
Egan : Loyle Carner – Not Waving, But Drowning (2019)
J’aurais très bien pu parler de Yesterday’s Gone, premier album du chanteur Londonien qui a su le mettre sur le devant de la scène, mais autant respecter la règle du meilleur pour la fin et donc de parler de Not Waving, But Drowning, second album de Loyle Carner sorti en avril dernier. Après des apparitions en featurings sur certains disques (dont un magnifique Rejovich de Reijie Snow en 2013), Loyle Carner a pu à son tour inviter des chanteurs (euses) sur sa production. Ainsi, Tom Misch, Jorja Smith et d’autres encore ont su donner à ce disque une certaine atmosphère plus que plaisante, magnifiée par le flow lancinant du rappeur à l’accent bien prononcé. Introspectif, doux et poétique, ce second opus dédié à sa mère marque une page dans la vie du chanteur, et c’est pour le meilleur. Album de spleen, de joie ou simplement de détente, Not Waving, But Drowning est, malgré sa sortie récente, une pépite de cette décennie et mérite plus d’écoutes qu’il n’en a déjà.
Samuel : Arctic Monkeys – Tranquility Base Hotel + Casino (2018)
Ce n’est pas forcément le meilleur album de la décennie, ni le meilleur cru d’Alex Turner et sa bande. Cependant, TBH+C (pour les intimes…) mérite largement sa mention car c’est une œuvre à part, qui remet les compteurs à zéro d’un des groupes les plus connus (et influents) de la scène britannique. Arctic Monkeys aura réussi à passer par le rock garage pour les teens (Favorite Worst Nightmare), la classe à l’américaine (Humbug, merci Josh Homme), la conquête de l’international et la consécration mainstream (AM)… Tranquility dérange et symbolise avec brio le carnet de route de ses musiciens, à la fois influencés par Bowie et l’imagerie rétro. Dans dix ans, on en parlera encore.
Chris : Royal Blood – Royal Blood (2014)
Difficile de faire démarquer un album au-dessus de la mêlée tant il y a aura encore eu de magnifiques galettes dans les années 2010. Je pense à ce sublime Ceremonials de Florence & The Machine, à l’époustouflant Everything You’ve Come To Expect des Last Shadow Puppets, au rugueux Holy Fire de Foals, au classique AM d’Arctic Monkeys… mais j’ai voulu opter pour un premier album. Celui de Royal Blood. Une haute dose d’énergie avec des riffs aiguisés à vous en donner un torticolis illico. Blindé de morceaux catchy, à commencer par Out of the Black qui ouvrait le bal avec une batterie tonitruante, ce premier effort est pour moi un classique en puissance, signé par un duo appelé à devenir tout aussi iconique.
Astrid : Jake Bugg – Jake Bugg (2012)
Choisir son album préféré de la décennie… Quel choix ! C’est un peu comme choisir quel est LE concert qu’on voudrait revivre… Mais bon, après un petit temps de réflexion il s’est avéré évident que pour moi c’était le premier album de Jake Bugg, celui qui a lancé sa carrière. Même si cet album est sorti il y a 7 ans, j’ai toujours l’impression de redécouvrir une chanson à chaque fois que je l’écoute. Le génie de Nottingham nous a livré avec sa guitare des morceaux émouvants, authentiques et bouleversants. Il nous embarque dans de vraies montagnes russes en passant de ses tubes comme Lightning Bolt à ses balades comme Broken.
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