03 Mai Pourquoi les artistes ne passent-ils qu’à Paris ?

Pour chaque jour de cette dernière semaine de confinement, un “pourquoi” est posé.

C’est une question qui revient encore et encore quand les artistes internationaux dévoilent les dates de leur tournée. De plus en plus, on assiste à une concentration des concerts dans les capitales, dans LA grande ville de chaque pays. Ainsi, la déception pour les fans éloignés de la salle choisie sont déçus : ils ne pourront être présents, sauf si le choix est fait d’ajouter au prix de la place celui du transport voire de l’hébergement.

Bien que les artistes pallient pour la plupart d’entre eux à ce fait en se produisant dans des festivals un peu partout sur le territoire, certains régions restent éloignés des concerts. Pire : de plus en plus, des exclusivités françaises sont accordées aux festivals, limitant les possibilités pour les fans. Nous nous intéresserons ici un peu plus précisément dans un premier temps sur les difficultés économiques pour les petits groupes de proposer d’autres dates en salles. A contrario, nous essaierons de comprendre pourquoi les groupes plus ancrés dans le paysage musical limitent leurs tournées.

Des petits groupes aux difficultés économiques indéniables

Une fois un premier album sorti (ou même avant !), les artistes n’ont qu’une envie : aller à la rencontrer du public, afin de défendre leur travail. Ainsi, ils espèrent pouvoir se produire le plus possible. Toutefois, une tournée coûte cher : il ne faut pas prendre en considération que les musiciens que l’on voit sur scène. C’est tout un travail de fourmis qui se passe derrière. Ce faisant, il est plus que nécessaire de s’assurer avant toute communication que les salles choisies seront remplies le plus possible.

Dès lors, il est très délicat pour des nouveaux artistes de se risquer à une grande tournée passant par plusieurs villes de chaque pays. Les pertes économiques pourraient être conséquentes et entrainer des difficultés peu souhaitables pour l’avenir. Il est donc sage de se résigner à des premières tournées petites certes mais qui assurent un premier socle aux artistes. Ceci dit, on ne peut que comprendre qu’aujourd’hui en France, c’est bien souvent Paris qui est préférée.

L’incompréhension quant à la concentration des dates dans les capitales

Une fois ces premières tournées réalisées, les artistes voient leur public grandir au fil des années, et se présenter aux quatre coins de chaque pays. Les festivals ont également permis cela, en faisant confiance à ces artistes prometteurs. Toutefois, on assiste de plus en plus aujourd’hui à un maintien de la fameuse tournée d’après-album qui ne passe encore et toujours que par la capitale. Bien que les autres grandes villes puissent être jalouses, elles peuvent tout de même être consolées par les festivals.

Prenons l’exemple de Foals. Groupe confirmé depuis déjà plusieurs albums, la bande d’Oxford a aujourd’hui un large public dans toute la France. Bien que seul Paris soit prévu dans la tournée des salles, le groupe est alors booké dans de très nombreux festivals pendant l’été. Ainsi, les français où qu’ils soient verront les Foals se produire proche de chez eux.

Mais prenons un exemple déjà cité chez nous, à savoir The 1975. En effet, notons que les 6 dernières dates de la bande à Matty Healy étaient TOUTES à… Paris. Pour deux albums, le groupe ne s’est donc pas une seule fois produit ailleurs en France. Les fans sont donc contraints d’aller jusqu’à la capitale pour applaudir le quatuor. Et la moitié de ces dates sont des festivals : Fête de l’Humanité, Pitchfork et Lollapalooza. Pourquoi ne pas tenter d’autres festivals ? D’autres villes ? Mystère…

Prenons un autre exemple : alt-J. Pour son troisième album, le trio a proposé un modèle plutôt unique en France : les plus grandes salles (Bercy, Zénith de Nantes), sept festivals, et quatre salles plus petites (Le 106, La Coopérative de Mai, Les Docks des Suds et Le Paloma). Le groupe a ici démontré que si dans certaines villes comme Clermont Ferrand ou Marseille les plus grandes salles sont difficilement complètes, il est possible de proposer une plus petite tournée, plus intimiste.

Finalement, que retenir de cette réflexion ? Il est aujourd’hui indéniable d’énoncer que pour les petits artistes, proposer une tournée qui passe ne serait-ce qu’en France même si ce n’est qu’une date est déjà superbe. C’est alors à nos festivals de s’intéresser à eux et de les programmer afin de les aider à grandir, ce qui leur permettraient pour les prochains albums de revenir dans toute la France. Concernant les artistes confirmés et ayant un public qui répond présent sur l’ensemble de l’hexagone, espérons qu’ils prennent conscience de cela dans les années à venir…  

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