19 Nov O., Deadletter et Black Country, New Road pour le premier soir du Pitchfork
Ce lundi 14 novembre, O., Deadletter et Black Country, New Road ouvraient le Pitchfork Music Festival à la Gaité Lyrique. Retour sur une première soirée post-punk qui a enflammé Paris au rythme du saxophone.
Alors que la programmation initiale annonçait les anglais de Black Country, New Road accompagnés des américains de Dehd et Yot Club, l’annulation de dernière minute des deux derniers a contraint le festival à leur trouver des remplaçants rapidement. Ajoutant alors à l’affiche deux groupes anglais prometteurs que l’on avait hâte de voir : O. et Deadletter.
Le duo O. ouvre la soirée
19h30, alors que tout le monde n’est pas encore arrivé, O. monte sur scène. Ils sont deux, Tash Keary à la batterie, Joe Henwood debout avec son saxophone, l’air un peu perdus. Mais en commençant leur concert par Ogo, leur premier single sorti seulement quelques jours plus tôt et produit par Dan Carey, producteur superstar de ces dernières années (Black Midi, Fontaines D.C., Wet Leg, Squid…), le ton est donné. Si O. se contente de l’instrumental, on découvre des sonorités ska inspirées de Madness, qui rappellent un autre groupe anglais, Opus Kink. L’enthousiasme du public semble les détendre comme on peut le lire dans leur regard — difficile de s’encourager par un mot ou un sourire lorsqu’on joue du saxophone !
Joe Henwood finit par prendre la parole au bout de quelques chansons et se présente, remerciant le Pitchfork de les avoir invités, et Black Country, New Road, avec qui ils jouent depuis quelques semaines. Le groupe s’est formé il y a un an et demi, et le public qui les a vus il y a un peu plus d’un an en première partie de Black Midi confirme leur progression.
Première date parisienne réussie pour Deadletter
Pour remplacer Dehd au pied levé et jouer juste avant Black Country, New Road, la barre était haute. Et Deadletter est clairement la révélation de la soirée. Si le groupe originaire du Yorkshire n’est pas totalement inconnu — ils étaient en première partie de la tournée européenne de Placebo, ce qui les avait contraints d’annuler leur passage au Supersonic le mois dernier –, c’est la première fois qu’ils jouent à Paris. Enfin, presque, puisqu’ils ont déjà joué au côté des New Yorkais de Gustaf lors de la dernière Fashion Week et de l’aftershow du défilé Céline x Hedi Slimane. Et alors qu’ils arrivent à six sur scène, on comprend pourquoi le directeur artistique le plus rock des années 2000 les a choisis. T-shirt Adidas et lunettes noires pour le batteur, cheveux attachés en deux secondes avec une grosse barrette pour la saxophoniste, on a compris : ils sont cools.
Et lorsque Zac Lawrence entame le concert, on comprend mieux pourquoi certain·es ne se sont toujours pas remis de leurs concerts récents : fils spirituel de Mick Jagger et Iggy Pop featuring Elias Rønnenfelt (IceAge), il est infatigable et son hyperactivité est contagieuse. À peine la deuxième chanson terminée, il enlève sa chemise, bientôt imité par l’un des guitaristes, qui a l’air tout aussi possédé que lui. Et lorsqu’il demande « more heat« , référence à leur EP, juste après, on ne comprend pas bien pourquoi car on ne pourrait pas avoir plus chaud dans la salle ! Le groupe présente son album Line the Cows, avant de jouer une nouvelle, plus sombre, qui pourrait avoir sa place dans le « Skinty Fia » de Fontaines D.C. : Practise What You Preach.
Des pogos se créent, répondant à l’énergie déployée sur scène, s’arrêtant à peine lors des rares moments d’accalmie. À plusieurs reprises, Zac Lawrence, le chanteur, enroule son fil de micro dans ses mains puis se rend dans la fosse et traverse la foule, avant de s’allonger par terre lors de la dernière chanson. De temps à autres, Zac Lawrence s’essaie au français, avec un accent qui n’a pas l’air si novice que ça : il a des origines françaises et maîtrise en réalité très bien la langue de Molière, ce qui devrait rendre leurs prochains passages encore plus communicatifs et inoubliables. Au bout d’une quarantaine de minutes, le concert se termine, et la salle a du mal à reprendre son souffle. Même si on est seulement lundi, on sait d’ores et déjà que Deadletter sera l’un des noms que l’on retiendra de cette édition du Pitchfork Music Festival.
Black Country, New Road… On prend une autre route ?
Le 31 janvier dernier, peu de temps avant la sortie de leur second album, la formation Black Country, New Road, annonçait le départ d’Isaac Wood, guitariste et chanteur du groupe. Et si BCNR essaie de se réinventer et a fait le choix — compréhensible — de ne pas jouer les chansons d’Isaac, on peut dire que c’est un choix qu’on regrette. Car, si leur performance à La Route du Rock cet été nous avait déjà laissé sur notre faim, attendant plus du concert — The Place Where He Inserted the Blade ou encore Concorde… –, l’ensemble est beau et on reconnaît que la technique est là, mais il manque toujours ce quelque chose qui rend leurs albums si bien et leur lives si… différents. Et si les voix alternent entre les différents membres du groupe, que des archets sont utilisés sur des guitares électriques et que le piano sonne angélique, on n’est toujours pas convaincus. Et on se dit qu’il serait peut-être temps de, malheureusement, passer à autre chose.
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