TesseracT – War Of Being

15 septembre 2023, les incontournables du Metal Progressif et pionniers du Djent reviennent avec War Of Being, leur cinquième album studio.

Cinq ans après la sortie de leur précédent album Sonder, TesseracT est enfin de retour. Pour remettre un peu de contexte, les natifs de Milton Keynes sont considérés comme l’un des groupes phares du Metal Progressif moderne, aux côtés de Periphery, Between the Buried and Me, Haken ou encore Animals as Leaders. Les groupes susmentionnés sont essentiellement originaires des Etats-Unis et du Royaume Uni, terres d’origine de ce style qui ne cesse de gagner en popularité. TesseracT et Periphery sont également des références du Djent, sous genre du Metal Progressif moderne, ajoutant une complexité rythmique à la musique, déjà très alambiquée techniquement.

Le Metal Progressif, ou tout simplement « Prog », c’est un peu l’oncle intelligent et propre sur lui du Heavy Metal et du Rock Progressif. Un style très technique, fait par des musiciens d’élite pour des mélomanes d’élite. La modernité apportée par des groupes comme TesseracT ouvrent les portes de ce style à un tout autre public qui pourra retrouver les codes de sous-genres du Metalcore qui attaquent un peu plus rythmiquement et possèdent un son d’une toute autre agressivité. Bref, un bon cocktail pour se nettoyer les oreilles intelligemment et c’est donc avec une grande impatience et une certaine excitation que nous écoutons cet album.

Première écoute – Accessible et émouvant

La première écoute avait été partiellement biaisée par 2 singles, War of Being et The Grey, sortis les mois précédents. Les deux titres nous avait offert une bonne mise en bouche avant la galette complète. Ils sont finalement assez représentatifs de l’ensemble et dans le haut du panier des meilleurs titres.

Un début surpuissant qui annonce la couleur, TesseracT 2023 ça fracasse. Un riff incisif, un scream ultra maîtrisé, un polyrythme inattendu, tout ça dans la première minute de la première piste. Bien heureusement, l’album n’est pas un bloc de musique agressive, bien au contraire. Démontrant une belle alternance entre les passages percutants et les passages mélodiques et lancinants, War of Being est très bien équilibré.

La première écoute est assez claire, l’ensemble est très cohérent. Les britanniques sont des monstres techniques à tous les instruments, mais ont un sens de la musique qui nous fait voyager émotionnellement. Le constat est unanime, c’est un très bel album.

Track by track – Des morceaux qui sortent du lot malgré un très haut niveau

1. Natural Disaster. Première minute, première claque. Un condensé de ce que le groupe fait de plus percutant. Ce morceau ne rentre clairement pas dans la catégorie des morceaux planants et phasants, mais plus du côté de la discographie qui fait bouger la nuque. Malgré la méchante claque que l’on prend, la polyrythmie et le chant clair sont bien présents. Un futur banger en concert.

2. Echoes. Plus mélodique et même plus catchy que son prédécesseur. Une batterie virevoltante qui s’ajoute parfaitement aux mélodies des guitares, l’effort de composition est superbe. Le refrain est puissant et accrocheur. Il rentre dans la tête dès la première écoute et cette alternance entre les passages violents et calmes le sublime. Un break très bien amené par un bridge ponctué d’un très puissant « We were born to die » ! Une fin de morceau toute en transition avant le titre suivant.

3. The Grey. Deuxième single sorti le 16 aout dernier. A la première écoute de ce morceau, la claque n’avait pas eu lieu, notamment à cause de l’excellentissime War Of Being dévoilé 1 mois plus tôt, et qui était une énorme machine. Et puis… après quelques écoutes, impossible de ne pas reconnaître le génie de ce morceau. Un refrain massif qui s’apparente à ce que Periphery fait de mieux, on ne peut finalement pas trouver ça mauvais ! Mention spéciale pour la ligne de basse qui est parfaitement mise en avant et très agréable à l’oreille, ce qui est rarement aussi bien exécuté.

4. Legion. Un bon morceau de transition. Probablement le moins mirobolant de cette galette. Legion est peut-être un peu trop calme en comparaison du précédent, ce qui nous sort un peu (trop) la tête de l’eau. Oubliable sans être mauvais.

5. Tender. Aérien et lancinant. Un début calme et mélancolique qui tend progressivement vers une fin plus puissante. Un morceau rythmiquement simple et lent, en comparaison des autres titres de l’album. L’un des plus progressif d’ailleurs. La lenteur de Tender nous amène parfaitement vers War of Being qui est d’un tout autre calibre.

6. War Of Being. L’éloge a déjà été fait plus haut, mais on en remet une couche. Titre éponyme de 11 minutes, il avait été dévoilé le 12 juillet dernier par le groupe, jour de l’annonce de l’album et de la tournée mondiale. C’était une énorme claque à la première écoute, ça l’est toujours après la vingtième. Plusieurs morceaux dans un seul, c’est un voyage d’un genre à l’autre, d’un monde à l’autre, en continu pendant 11 minutes. Les rythmiques sont aussi puissantes qu’incompréhensibles, mais pas au détriment de la mélodie. Bref, un morceau très intelligemment composé et méritant largement d’être le titre de cet album.

TesseracT - War Of Being (Official Music Video)

7. Sirens. Tâche difficile de prendre la suite, mais la légèreté et la beauté de Sirens s’insèrent parfaitement dans cet album. Le chant clair de Daniel Tompkins et bien mis en avant et la simplicité des guitares laisse également un peu de place à la batterie. Un morceau bien équilibré.

8. Burden. Un début basse/batterie/choeur très agréable. Cette intro suggérait une évolution progressive vers un côté plus énervé, plus acéré et plus sombre. Malheureusement, la progression aura bien lieu mais pas exactement comme on l’aurait imaginé. Ce qui n’est clairement pas pour nous déplaire. La ponctuation amenée par les guitares qui font ce qu’elles savent faire de mieux est un très beau happy end.

9. Sacrifice. War of Being 2.0. Morceau de 9 minutes, qui lui aussi tire son épingle du jeu. La musique met un peu de temps avant de vraiment exploser, mais la progression est belle et le changement vers les parties mineures se fait très naturellement. Une fin de morceau prenante et émouvante qui nous laisse dans l’attente de la suite avec impatience. Un bon finish qui boucle tranquillement ce très bon 5ème album.

Bilan Global – L’un des albums Prog de l’année.

Quelques mots sur la technique. Avoir de tels musiciens au sein d’un même groupe est un véritable plaisir, et leur symbiose dans la composition démontre une parfaite entente sur leur ligne artistique. N’oublions pas de mentionner le chant clair de Daniel Tompkins qui est beau, puissant et totalement maîtrisé. Néanmoins son alter égo Spencer Sotelo le chanteur de Periphery, possède une tessiture plus importante (ce qui n’enlève rien au talent de Tompkins !).

Quelques mots sur l’excellente qualité de production. Le travail fait sur le son des instruments est absolument sublime. La basse ressort parfaitement, la batterie est omniprésente sans en faire des caisses, et que dire des guitares… Un son acéré et percutant sur les rythmiques bien accentuées, et s’envolent dans un son massif au moment où on l’attend. Rien à dire, si ce n’est des éloges de ce côté là.

Subtilité notable, l’intro de chaque morceau est dans la continuité de la fin du morceau précédent. Ce petit détail qui peut paraître anodin prend tout son sens à l’écoute d’un bloc de cet album. Nous avons récemment écrit un Edito : Qu’est-ce qu’est un excellent album ?. Dans cette chronique, la continuité et la cohérence des morceaux est un point récurrent.

En bref, TesseracT nous offre un album immersif et très intelligemment composé, que les amoureux du genre apprécieront particulièrement. Captivante et complexe, leur musique permet à ses auditeurs de découvrir de nouvelles subtilités à chaque écoute. Un régal.

TRACKLIST

Natural Disaster
Echoes
The Grey

Legion
Tender
War of Being

Sirens
Burden
Sacrifice

La note du rédacteur : 8/10

Ses morceaux favoris : Natural Disaster, The GreyWar of Being

Pour rappel, ils seront en tournée européenne au mois de janvier prochain et feront un crochet par la France. Le détail à voir ici.

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